Identité secrète.

14

Il faillit lui dire que ce n'était pas la peine, qu'il n'irait nul part avec lui, mais il était tellement surpris qu'il lui propose de l'emmener se balader qu'il en resta sans voix.
Puis Reiner apparut, les clés du café à la main. Il les regarda tour à tour, lui, Livai et la moto, en faisant cliqueter ses clés.

-C'est l'heure, Ren, dit-il après avoir ouvert la porte.
Tu viens ?

-J'arrive !

Secrètement, il bénissait son collègue de l'avoir tiré d'une situation qui commençait à devenir embarrassant.

-Bon, eh bien, merci encore, l'ança-t-il à Livai avant de filer se réfugier dans le café.

Livai voulait le rattraper mais une main le retint par le bras. Il fit volte-face et se trouva nez à nez avec Reiner.

-Ce garçon en a bavé, lui dit le cuisinier.

Au ton de sa voix, à son regard implacable et à la manière dont il l'avait empoigné, Livai compris qu'il ne plaisantait pas.

-Je sais, répliqua-t-il sans chercher à se dégager. Je suis là pour le réconforter, justement.

C'était la pure vérité, songea-t-il. Il était venu lui apporter la bonne nouvelle, même s'il n'avait rien dit jusque-là pour ne pas contrevenir aux ordres de son client. Mais, plus encore ce matin qu'avant, il brûlait de le mettre au courant. Pour qu'enfin il soit soulagé.
Après l'avoir jaugé un bon moment, Reiner hocha la tête.

-Je vous le confie, lâcha-t-il enfin.

Livai sentit que Reiner prenait son rôle très au sérieux.
Exactement comme Pixis. Il y avait chez ce jeune homme quelque chose qui donnait aux hommes envie de le protéger. Non qu'il soit particulièrement faible ou vulnérable, mais on voyait tout de suite qu'il avait souffert et qu'il avait peur. N'importe quel homme digne de ce nom devait éprouver le besoin de lui venir en aide.
Pourvu que Thomas Jaeger arrive bientôt !
Tout en souhaitant ardemment la venue de celui qui mettrait enfin un terme au cauchemar que vivait le jeune homme, Livai n'était pas pressé que sa mission se termine.
Parce qu'une fois sa mission terminée il devrait s'en aller.
À moins que...?
En entrant à son tour dans le café, il se demanda ce qu'il lui arrivait.