Il faillit éclater de rire. Pixis ne se contentait pas, en effet, de faire pousser quelques salades, et d'un pommier ou d'un cerisier, comme on en voyait partout. Il n'y connaissait rien mais il s'était néanmoins rendu compte que son potager comportait une grande variété de légumes.-C'est incroyable.
-D'autant que la région n'est pas très propice aux culture, ajouta Livai. La belle saison ne dure pas longtemps.
-Pixis a quelques subterfuges pour pallier le froid et le mauvais temps. Il possède une serre et utilise des cloches pour protéger ses semis.
-Où habitez-vous ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.
À ces mots, il se ferma comme une huître. Il essaya de se ressaisir avant que la panique ne le gagne. Il ne fallait pas qu'il s'affole. C'était une question parfaitement anodine.
Après tout, ils allaient être voisins. Il ne pouvait pas lui cacher qu'il vivait à deux pas.-Juste... là, bredouilla-t-il en lui montrant l'endroit.
Il jeta un coup d'œil au cottage blanc et jaune, hocha la tête et se baissa pour enrouler sa corde d'amarrage. Il poussa un grand soupir de soulagement.
Tu vois bien que tu n'as aucune raison de t'inquiéter, se dit-il. Il s'informe par politesse, c'est tout. Il allait vraiment falloir qu'il contrôle sa paranoïa. C'était lui qui était venu lui parler pour faire plus ample connaissance. Il allait le croire cinglé s'il le plantait là maintenant.
Il se croyait prêt. S'il ne l'avait pas été, jamais il ne lui aurait parlé de ce mouillage. Ou, si ensuite il avait changé d'avis, il aurait suffit qu'il en touche deux mots à Pixis et tout aurait été réglé. Et puis, s'il n'avait pas été prêt, il ne se serait pas précipité pour l'accueillir lorsqu'il avait vu son bateau arriver.-Depuis combien de temps habitez-vous chez Pixis ?
Il ne le regardait même pas, occupé qu'il était à fixer au bateau un escalier escamotable qui faciliterait l'embarquement et le débarquement par marée haute. Cette question n'avait là encore d'autre but que de meubler la conversation.
-Quelques mois.
-Comment vous êtes-vous retrouvé ici, à Port Murphy ?
Un nouvel accès de panique s'empara du jeune homme.
-Qu'est-ce qui vous laisse penser que je n'ai pas toujours vécu ici ?
Il se redressa et le regarda bien en face.
-Votre bronzage, peut-être, suggéra-t-il.
Il recula d'un pas.
-Comment ça ?
-Pour bronzer, ici, il faut s'offrir des séances d'UV.
Zut ! Il n'avait pas pensé que son teint hâlé pouvait le trahir. Peut-être aurait-il mieux fait de rester à la même latitude plutôt de s'exiler dans le Nord.
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Identité secrète.
FanfictionSe cacher, et changer de ville et d'identité tous les 2 mois... Telle est la vie que mène Ren, la peur au ventre, depuis la nuit où Jean, son mari, a tenté de l'assassiner. Installé depuis peu à Port Murphy, il se tient sur ses gardes : Jean le traq...