Identité secrète.

Parti 8

Ne t'en fais pas pour ça. Il cherchait juste à meubler la conversation.

Voilà ce qu'Eren se répétait depuis qu'il s'était couché.
Sans résultat. Il ramena la couette sur ses épaules et essaya de dormir. Bien qu'il fasse frisquet, il préférait laisser la fenêtre ouverte. Sa couette en duvet d'oie le protégeait du froid.
Mais le sommeil semblait l'avoir déserté pour de bon. La remarque de Livai l'obnubilait. Il fallait qu'il arrête d'y penser s'il ne voulait pas passer une nuit blanche. D'autant qu'en dehors de cette remarque, tout à la fin du repas, il n'avait rien dit d'alarmant. Sans doute était-ce encore lui qui se faisait des idées... À force de se méfier, il voyait le mal partout.
La paranoïa le guettait, décidément.
Il se tourna de l'autre côté, cherchant vainement une position plus favorable au sommeil. Plus d'une fois ce soir, il avait failli perdre contenance. Lorsque Livai s'était mis à lui poser des questions plus personnels, il avait commencé à se décompenser. Mais le pire, ça avait été quand il avait fait référence à ce qu'il lui avait dit au sujet de la prudence, qu'il estimait toujours insuffisant. Cela ne lui plaisait pas beaucoup de penser qu'il enregistrait la moindre de ses paroles.
Sans parler de sa remarque sur le sud. Pensait-il vraiment à l'Arizona ? Ou à un État plus à l'ouest ? N'avait-il pas cherché à le confondre ? Pourquoi sinon passerait-il tant de temps à bavarder avec lui ?
C'était tout le problème. Pourquoi un inconnu s'intéresserait-il à un serveur bigleux et mal fagoté ? Par simple politesse ?
Dans le souci de l'intégrer à la conversation, pour qu'il n'ait pas l'impression d'être le cinquième roue du carrosse ?
En d'autres termes, allait-il devoir plier bagages et partir ?
Curieusement, cette perspective l'attristait. Il aimait sincèrement cet endroit. Et la vie qu'il menait ici était loin de lui déplaire. Son travail avait pas mal de bons côtés et il s'efforçait de le faire du mieux qu'il pouvait. Il lui restait à trouver la bonne distance avec les clients, mais il progressait de jour en jour.