Identité secrète.

18

-N'essayez pas de m'en empêcher, prévint-il en pure perte, car il n'avait aucun moyen de lui échapper.

Livai se passa une main dans les cheveux. Il entendit biper son téléphone portable mais il ne fit pas mine de le sortir de sa poche. Il gardait les yeux rivés sur lui.

-C'est a cause de moi que vous prenez la fuite ? À cause de quelques malheureuses questions ?

-Pourquoi les avez-vous posées ? rétorqua-t-il en fourrant sa trousse de toilette dans son sac et en fermant ce dernier d'un geste brusque qui trahissait son trouble.

-Par simple curiosité. Juste pour savoir. Où est le mal ?

Il ne répondit pas et continua d'emballer ses affaires, comme si de rien n'était. Mais il n'était pas sûr de pouvoir faire illusion encore très longtemps. Livai était trop perspicace, et il était trop transparent pour qu'il ne l'ait pas déjà percé à jour.

Pourvu qu'il ne se doute pas que je sais ! songea-t-il en s'efforçant de reprendre contenance.

-Où allez-vous ? demanda-t-il pour la seconde fois.

Il faillit répondre (Je n'en sais rien.) Parce qu'il n'avait réellement aucune idée de ce qu'il allait faire. Peut-être serait-il contraint, finalement, de chercher un bateau qui accepte de l'emmener en Alaska. Pourquoi fallait-il que la seule personne susceptible de lui rendre ce service soit précisément celui qui l'obligeait à partir ?
Et si Livai essayait de le suivre ? Que ferait-il ? S'il avait réussi à échapper aussi longtemps à Jean, c'était parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il s'en aille. Il ne le croyait pas capable de tout quitter. Il était tellement centré sur lui-même que, pas un instant, il ne s'était mis à sa place.

-Je pensais que nous étions amis, dit Livai.

-C'est le cas, admit-il dans un souffle.

Une porte claqua. Pixis sortait de chez lui. Allait-il cueillir quelque chose dans son jardin ? Ou revenait-il le chercher pour l'emmener à la gare routière ?