Identité secrète.

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(Eren) Vous êtes en colère, fit-il.

(Livai) Je ne supporte pas d'avoir été pris pour un imbécile. Et je m'en veux d'avoir tout gobé sans broncher. Vous voyez, moi aussi je suis naïf. Et pas qu'un peu !

Il l'avait presque convaincu de sa bonne foi.

-Si je l'avais vu, si je lui avais parlé de vive voix, reprit Livai, je me serais peut-être douté de quelque chose. Mais tout s'est passé par téléphone, puis par e-mail et par SMS.

Il y avait dans sa voix une telle contrition qu'il se sentit obligé de le consoler.

(Eren) Pas sûr. Jean est très, très habile.

(Livai) Tout à l'heure, pourtant, il a perdu la face.

(Eren) C'est bien la première fois que je le vois tomber le masque devant un étranger. Il devait être tellement occupé à me détester qu'il a baissé la garde sans s'en rendre compte.

(Livai) Ce qu'il déteste surtout, c'est que vous soyez enfui.
Loin de lui et de sa tyrannie.

Bizarrement, ces paroles le reconfortèrent. A tout prendre, il préférait que Jean le déteste pour ce qu'il avait fait, plutôt que pour ce qu'il était. Parce que, pour qu'il ait réussi à lui faire perdre la face, il fallait que cette haine soit terrible.

(Livai) Je suis désolé, Ren. Mais peut-être devrais-je dire Eren ?

(Eren) Je préférerais qu'on ne m'appelle plus jamais Eren.
Mais de quoi êtes-vous désolé ?

(Livai) D'avoir pris tout ce qu'il me disait pour parole d'évangile. De ne pas avoir cherché à en savoir plus. Je vous ai fait vivre un enfer en soutenant mordicus que votre frère n'était pas mort. Et ça, je crois que je ne me le pardonnerai jamais.

Les mots avaient jailli avec une telle fluidité qu'il en conclut qu'il devait les avoir sur le cœur depuis un bon moment. Son mea culpa le toucha.