-Livai Ackerman, Pixis Dot, dit-il en leur servant leurs thé et le café. Buvez pendant que c'est chaud.Les présentations faites, Ren alla s'occuper des autres clients.
Il y avait un monde fou. Un samedi matin, par beau temps, ce n'était pas très étonnant.
Il les avait installés au fond de la salle, dans un coin tranquille, à une table où ils ne risquaient pas d'être dérangés.
Pour parler affaires, c'était l'endroit idéal.Pour un repas en amoureux, c'est bien aussi.
Bon sang, où as-tu la tête ? se morigéna Livai.
Il reporta son attention sur son interlocuteur, qui le scrutait tel un entomologiste en train d'examiner un papillon sous la lamelle de son microscope.
-C'est un drôle de jeune homme, fit soudain Pixis.
-Oui, répondit machinalement Livai.
Il eut l'impression que Pixis aurait aimé un peu plus d'enthousiasme de sa part.
-Il en a bavé. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive encore malheur.
Livai hésita. C'était le moment ou jamais d'apprendre enfin ce qui le rendait nerveux. Mais, s'il se montrait trop curieux, il risquait de déplaire à Pixis, auquel cas le poste d'amarrage lui passerait sous le nez.
Tant pis ! se dit-il. Il fallait qu'il sache. Surtout après la réflexion qu'il avait faite tout à l'heure. (On n'est jamais trop prudent.) Il aurait tant voulu le rassurer, tout lui dévoiler.
Mais il avait promis à son frère de lui laisser ce soin.-Il en a bavé tant que ça ?
-Oui, répondit Pixis sans en dire plus.
Il le scrutait toujours avec une telle insistance que Livai finit par comprendre qu'il ne faisait en fait rien d'autre que le mettre en garde. Ses paroles sonnaient comme une menace.
Il cherchait à protéger le jeune homme. Pourquoi ? Livai l'ignorait et n'était même pas sûr que Pixis lui-même le sache, mais le fait qu'il s'inquiète pour lui suffisait à faire de lui un brave homme aux yeux de Livai. Certes, Pixis avait trente ou quarante ans de plus que lui, mais il était costaud et donc en mesure de mettre sa menace à exécution si besoin était. Ce type avait d'ailleurs une allure d'ancien militaire ou de flic à la retraite. Il lui faisait penser aux copains de son père. Après la mort de celui-ci, il les avait beaucoup fréquentés et savait donc à quoi s'en tenir.-Je ne le connais pas très bien, dit prudemment Livai.
Depuis mon arrivé, j'ai dû le voir 3 ou 4 fois. C'est très gentil à lui de vous avoir parlé de mes difficultés à trouver un mouillage pour mon bateau.-À part du bateau, vous faites quoi dans la vie ? demanda Pixis d'un ton rogue.
-Je travaille, déclara Livai en omettant sciemment de préciser que le travail en question n'était pas régulier. Mais je vis sur mon bateau.
-Pourquoi ?
Cela ressemble de plus en plus à un interrogatoire, songea Livai. Mais, si Pixis était méfiant, cela se comprenait. Il ne voulait pas louer son amarré à n'importe qui.
-Parce que ce bateau compte beaucoup pour moi. C'était celui de mon père.
-C'était ? fit Pixis.
-Il est mort.
Il l'annonça de but en blanc, d'un ton sec et décisif. Ces trois mots, il les prononçait de la même façon chaque fois qu'on le questionnait sur son père, ce qui n'arrivait heureusement plus très souvent. Mais, même après 15 ans, ils lui faisaient toujours aussi mal et l'empêchaient d'oublier. Il ne voulait surtout pas oublier.
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Identité secrète.
FanfictionSe cacher, et changer de ville et d'identité tous les 2 mois... Telle est la vie que mène Ren, la peur au ventre, depuis la nuit où Jean, son mari, a tenté de l'assassiner. Installé depuis peu à Port Murphy, il se tient sur ses gardes : Jean le traq...