Identité secrète.

31

Livai avait posé la question d'un ton désinvolte afin de ne pas éveiller la suspicion de Jean.

(Jean) Cela ne vous regarde pas.

Livai haussa les épaules.

(Livai) Vous devriez le laisser jacasser. Ce qu'il raconte est tellement dingue que personne ne le croira.

Ren déglutit. Il était si convaincant qu'il ne savait plus quoi penser et commençait vraiment à se demander s'il n'allait pas finir entre les mains de Jean.
Lequel se mit soudain à avancer vers lui.

C'est à toi, songea-t-il en inspirant un grand coup pour se donner du courage. Il allait falloir qu'il montre à son tour des talents de comédien. En fasse croire à Jean qu'il était brisé, alors qu'en réalité il bouillonnait de rage et se retenait pour ne pas l'étranger.
Le téléphone de Livai sonna. Il s'excusa et leur tourna le dos pour répondre.

(Jean) Allez, viens, Eren.

Ce prénom, dans la bouche de Jean, acheva de le déstabiliser. Il fut tout à coup persuadé que Livai l'avait trahi et allait laisser Jean l'emmener.
Lorsque Jean l'agrippa par le bras, il recula vivement, comme sous l'effet d'une brûlure.

(Eren) Tu crois que je vais te suivre sans regimber ?

(Jean) Oui, bien sûr, répondit-il d'un ton exagérément posé.

(Eren) Alors que tu as tué mon frère ?

Jean secoua la tête d'un air affligé.

(Jean) Voyons, Eren, c'était un accident, tu le sais très bien.
La police et les médias le savent aussi. Tu ferais mieux de l'admettre, si tu ne veux pas finir interné, sous calmants.

C'était l'une de ses menaces favorites. Et celle que le jeune homme craignait le plus. Un court instant, il eut l'impression de vaciller au bord d'un précipice prêt à l'aspirer. Se raccrochant à la colère qui l'embrasa telle une torche, il résista au vertige. Pas question de céder cette fois-ci. Seul ou pas, il allait tenir tête à Jean.