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Soudain, il fut à son côté, tout sourires, sa théière à la main, vu que il pensait qu'il prenait du thé.

-Je vous ressers ?

Acquiesçant d'un hochement de tête, il poussa vers lui sa tasse vide.

-Votre thé est drôlement bon.

-C'est pour ça que les gens viennent, expliqua-t-il avec ce même petit sourire commercial.

-Je les comprends. Même si, il faut bien l'avouer, il n'y a guère de concurrence.

Visiblement amusé, il lui décocha un grand sourire, aussi radieux que spontané.

-C'est vrai, admit-il en tout simplicité.

Brusquement, sans qu'il sache très bien pourquoi, il ressentit l'envie irrépressible de contrevenir aux instructions qu'il avait reçus et de tout lui déballer. De mettre un terme au cauchemar du jeune homme. Il lui avait paru craintif, méfiant, mais peut-être était-ce tout simplement l'épreuve qu'il avait traversé qui le rendait aussi nerveux. Les gens ne réagissaient pas tous de la même façon quand il leur arrivait une telle chose. Il était bien placé pour le savoir.
Mais son client, Thomas Jaeger, lui ayant bien recommandé de ne rien dire, il décida de se taire. Ou plutôt de parler d'autre chose. Nouveau dans le coin, il avait besoin de renseignements que seul un autochtone était susceptible de lui donner.

-Livai Ackerman, déclara-t-il en lui tendant la main.

Il lui fit comprendre qu'il ne pouvait pas la lui serrer, à cause de la théière. Il n'en prit pas ombrage et continua sur sa lancée.

-Je cherche un endroit où amarrer mon bateau. Vous qui êtes d'ici, vous savez peut-être où je pourrais m'adresser ?

Il posa la théière et sembla réfléchir à la question.
Machinalement, il se frotta l'œil droit du bout de l'index derrière le verre de ses lunettes. Se rendant compte de ce qu'il faisait, il laissa vite retomber sa main.
Ses lentilles de contact le gênent, songea-t-il en se demandant de nouveau pourquoi il en portait. N'eussent été les lunettes, il aurait pu penser que c'était simplement pour changer un peu.
Les jeunes hommes aimaient bien le changement, d'après ce qu'il en savait. Mais pourquoi les 2 ? Il cherchait de tout évidence à faire en sorte qu'on ne le reconnaisse pas.

-Il y a quelques emplacements réservés aux gens de passage dans la marina, dit-il en réponse à sa question.

-Je suis allé voir. Ils sont tous pris.

Comme s'il s'y attendait, il hocha la tête.

-Il est grand ? demanda-t-il.

-C'est un 12 mètres.

Aux yeux de beaucoup de gens, cela faisait déjà pas mal. Mais, à côté des yachts que possédaient les amis et les connaissances d'Eren et Jean Kirstein, son bateau n'était qu'un modeste rafiot. Il ne fit cependant pas de commentaire.

-A moteur ou à voiles ? demanda-t-il au bout d'un moment.

Ça va peut-être marcher, songea-t-il. Il avait appris par l'employée de la mairie qu'elle louait un logement au bord de l'eau. C'est pourquoi il s'adressait à lui. Il connaissait peut-être quelqu'un qui avait un mouillage. Les questions qu'il posait semblaient indiquer qu'il pensait à quelque chose mais n'était pas certain que la quille de son bateau passe. Sa réponse allait le rassurer.

-A moteur.

-Où l'avez-vous laissé ?

-Dans la baie. Mais je ne suis pas tranquille. La nuit dernière, j'ai eu l'impression que je dérivais.

-Vous dormez dans votre bateau ?

-La plupart du temps, je vis à bord. J'aime bien me sentir libre de partir quand je veux.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant