Identité secrète.

21

(Jean) Quel langage ! s'écria celui-ci. C'est d'un vulgaire ! Je n'ai jamais réussi à te rendre distingué. Dès que nous serons rentrés, il faudra tout reprendre de zéro.

(Eren) Je ne rentrerai pas. Tu es un meurtrier et un menteur.

-Du calme, Ren, murmura Livai en se plaçant ostensiblement à côté de lui, face au mari sarcastique et tête de cheval.

Il voulait qu'il sache qu'il était de son côté, au propre comme au figuré, mais le regard qu'il lui lança n'était pas très encourageant.

(Jean) Tu vas rentrer bien gentiment à la maison. Tu es mon mari et, à ce titre, tu dois m'obéir.

(Eren) Je te rappelle que j'ai demandé le divorce.

Il esquissa dans l'air un geste agacé de la main.

(Jean) Ce n'était pas très malin, il faut bien l'avouer. Mais il y a belle lurette que la requête est partie à la poubelle. Dès notre retour, j'annoncerai publiquement que je t'ai pardonné ces mois d'angoisse et je te ferais suivre par les meilleurs spécialistes.
Je m'occuperai bien de toi, tu verras.

-Quelle grandeur d'âme ! ironisa Ren.

(Jean) Absolument. C'est ce que tout le monde pensera. Ma cote va grimper.

Quel sale type ! songea Livai. Ren n'avait pas exagéré.

(Eren) Si tu crois que je vais marcher dans tes combines, tu te trompes !

(Jean) Tu seras bien obligé, si tu ne veux pas que je révèle que c'est toi qui as tiré sur ton frère et qu'en bon époux que je suis je me suis dénoncé à ta place. Je craignais que la prison ne te soit fatal, compte tenu de ta fragilité psychologique. Là encore, je ne peux que m'attirer la sympathie.

Livai jeta un regard à Ren. S'il n'avait pas prédit que son mari chercherait à tout lui mettre sur le dos, peut-être Livai aurait-il gobé son histoire. Ce type savait s'y prendre pour embobeliner les gens.