Identité secrète.

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Livai, à qui on ne pouvait décidément rien cacher, se rendit compte tout de suite que quelque chose n'allait pas.

(Livai) Rassurez-vous, ce bateau est fiable, malgré son âge. Et nous ne sommes pas vraiment en haute mer.

(Eren) Ah bon ? dit le jeune homme, tout étonné.

(Livai) Attention, je ne dis pas que le détroit compte pour du beurre. Il est large, profond et très, très froid. Mais cela n'a rien à voir avec le grand large proprement dit. C'est très impressionnant de se retrouver au milieu de nulle part et de naviguer pendant des jours et des semaines sans rien voir d'autre que l'océan à perte de vue.

Il réprima un frisson, qui redoubla lorsque la boule augmenta et qu'il lui fallut se retenir d'une main au tableau de bord.

(Eren) Cela vous est déjà arrivé ?

(Livai) Une fois ou deux. Mais c'est une expérience frustrant quand on a un bateau à moteur parce qu'on reste tributaire des ports, malgré tout. Il faut bien faire le plein de temps en temps. L'idéal, c'est un voilier, équipé d'un moteur.

(Eren) Logique.

(Livai) La logique ne suffit pas. Il n'y a pas plus imprévisible que l'océan, vous savez. Mais je ne m'aventure plus guère au large. Je fais plutôt du cabotage. C'est très tendance, paraît-il.
Je passe pour un petit titan.

Un petit titan ? songea le jeune homme en se raidissant. Son frère l'avait surnommé petit titan parce qu'il rejetait à l'eau les poissons qu'il pêchait. Livai, qui l'avait sans doute appris de la bouche de Jean, s'était servi de ce souvenir pour le manipuler. Et ça, il n'était pas près de l'oublier.
Machinalement, il recula d'un pas. Mais cela ne servait à rien puisqu'il n'irait nul part. Il était prisonnier. Quant à sauter par-dessus bord, à moins d'être suicidaire, ce n'était pas la peine d'y penser. Dans l'eau glaciale du détroit, sans combinaison, il ne tiendrait pas longtemps.