7⃣

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Il soupira et décida de fermer la porte aux souvenirs, qu'il trouvait de plus en plus envahissants.

-Tout ce que je veux, c'est louer une amarre pour mon bateau, déclara-t-il. J'en ai besoin pour 2 semaines grand maximum. Je vous paierai d'avance, si cela vous arrange. Je serai très discret et je m'engage bien sûr à ne rien détériorer.
Je n'ai jamais eu de problème de voisinage. Je suis quelqu'un d'honnête et de respectueux du bien d'autrui.

Il se tut, presque essoufflé et un peu étonné par son propre bagout.

-Je vois, dit Pixis d'un ton sibyllin.

Livai eut la désagréable impression qu'il voyait en effet très, très bien.

-Tout est dit. Vous êtes seul juge.

-Mon locataire a son mot à dire.

Livai fit la grimace.

-Vais-je devoir me soumettre à un second examen de passage ? demanda-t-il.

-Accepteriez-vous de tondre ma pelouse ?

-Votre pelouse ? dit Livai, décontenancé par ce passage du coq à l'âne.

-Il faut que je m'occupe de mon potager et de mes arbres fruitiers. Je n'ai pas le temps de tondre, et l'herbe va encore pousser avant l'hiver.

Livai fut tenté de refuser. Il ne voulait pas mettre le pied dans l'engrenage. Dieu seul savait ce que Pixis exigerait ensuite s'il acceptait de lui tondre sa pelouse...

-Vous pourriez la transformer en potager, suggéra-t-il.

-Oui, bien sûr, concéda Pixis, mais ma femme tenait beaucoup à cette pelouse. Bien qu'elle ne soit plus là pour en profiter, je ne me sens pas le droit d'y toucher.

Livai se sentit soudain mieux disposé à l'égard du bonhomme. Si Pixis l'avait interrogé sur la mort de son père, c'était peut-être parce que lui-même avait perdu un être cher.

-Le problème, poursuivit Pixis, c'est qu'elle est diablement grande et que je n'ai plus la force de pousser la tondeuse sur une telle étendue.

-Vous devriez acheter une tondeuse autotractée.

-J'en ai une, mais cela fait au moins deux ans qu'elle est en panne. Alors je pousse ma vieille tondeuse, histoire de faire un peu d'exercice.

-J'y jetterai un coup d'œil, si vous voulez. Peut-être que j'arriverai à la réparer.

-Vous vous y connaissez en mécanique ?

-Je me débrouille. Disons que... mon père était un excellent professeur.

Pixis hocha lentement la tête. Il avait bien compris que Livai cherchait à se rattraper.

-Si vous vous occupez de cette pelouse et réparez la tondeuse autotractée, je vous laisse l'amarre pendant une semaine.

Livai ne put s'empêcher de sourire : Pixis lui rappelait tellement son oncle Kenny, qui était toujours en train de marchander. (Il n'y a rien de tel que le troc), affirmait-il.

-Une semaine, cela risque de me faire trop court, dit-il.

-Vous paierez la semaine suivante. À moins que je n'ai d'autres réparations à vous confier. Je pense avoir la main verte, mais question bricolage je ne vaux pas un clou.

-Marché conclu.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant