Épilogue

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C'était la 3ème fois qu'il se rendait sur la tombe de Thom. Et la dernière avant longtemps. La meute de journalistes qui ne le lâchaient pas d'une semelle en dépit des tentatives de dissuasion de Livai, qui se tuait à leur répéter qu'il n'avait (aucune déclaration à faire), avait rendu pénibles ces visites au cimetière. Ce matin, pour être sûr d'être tranquille, il était venu tôt. Par discrétion, Livai s'était écarté.
Sa perspicacité, cette manière qu'il avait de toujours deviner ses pensés n'en finirait jamais de l'étonner. Non seulement il le comprenait, mais il le soutenait aussi, en lui rappelant chaque fois qu'il flanchait que, s'il avait tenu le coup après tout ce qu'il avait enduré, c'était parce qu'il était fort, et non fragile et instable comme son futur ex-mari le prétendait.
Les quelques jours qu'ils avaient passés en mer, en tête à tête sur le Peacemaker, lui avaient fait un bien fou. Aux petits soins pour lui, Livai l'avait entouré de son affection et l'avait aimé avec passion. Grâce à lui, il avait cessé de se tourmenter pour son avenir.
Ils avaient très peu parlé de l'affaire mais, un jour, Livai lui avait montré une photo de Jean, menotté, l'air furibond et défait. Il avait ressenti un certain jubilation à le voir dans cet état.
Juste avant d'arriver à Los Angeles, après une courte escale à Santa Barbara, Livai l'avait prévenu que l'arrestation de Jean défrayait la chronique et que tous les médias l'attendaient pour l'interviewer.
Il avait néanmoins été surpris de l'intérêt suscité par l'affaire et avait dû apprendre à ruser pour échapper aux journalistes.
Puis les rouages de la justice l'avaient rattrapé et il lui avait fallu passer des heures et des heures à s'expliquer. Il avait découvert que Livai avait pris les devants et fait à la police tout un tas de déclarations dans lesquelles il avait expliqué pourquoi il avait pris la fuite et pourquoi il n'avait pas confiance en la justice.
À la demande de Livai, la police avait entrepris de lui prouver qu'il avait tort.
Il se pencha sur la tombe de son frère pour retirer une feuille d'arbre. Il avait appelé Dita pour le remercier d'avoir veillé à ce que Thom soit enterré à côté de sa mère. Il lui avait su gré de sa discrétion alors que, visiblement dévoré de curiosité, il brûlait de le questionner. Un jour, il lui raconterait ce qui s'était passé.
Il déposa sur la tombe de Thom un bouquet d'œillets rouges, ses fleurs préférés, puis se tourna vers la tombe voisine, qu'il fleurit à son tour, mais de lys blancs.
N'eût été Livai, et l'avenir radieux qui se profilait à ses côtés, il aurait été tenté d'aller rejoindre les siens. Ils lui manquaient tellement...
Il vit Livai approcher, suivi d'un homme d'une cinquantaine d'années qu'il ne connaissait pas. Il supposa que c'était un inspecteur ou un adjoint du procureur.
Debout entre les deux tombes, il posa une main sur chacune d'elles, ferma les yeux et pensa très fort à son frère et à sa mère.

Je vous aime, murmura-t-il, et vous allez beaucoup me manquer. Mais je vais m'en sortir. Je vous le promets.

Puis il s'assit, s'attendait secrètement à recevoir une réponse du l'au-delà, un signe quelconque, un message. N'importe quoi.
Il savait que plus tard il riait d'y avoir cru, mais il ne pouvait s'empêcher d'espérer.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant