29

999 77 0
                                    


(Eren) Nous allons rester là longtemps ? demanda-t-il.

(Livai) Mieux vaut être prévoyants. Il va nous falloir quelques jours pour trouver un moyen de nous débarrasser définitivement de votre mari.

(Eren) Je vous envie votre bel optimisme.

(Livai) Il faut y croire, Ren. Ce moyen, nous allons le trouver.

(Eren) Mais il est...

(Livai) Je sais. Ce matin, j'ai fini par décider à faire quelques recherches.

(Eren) Alors vous avez vu ? Il est invulnérable.

(Livai) Personne n'est invulnérable. Dans ce milieu, les réputations se font aussi vite qu'elles se défont. Nous le ferons tomber, d'une manière ou d'une autre. En attendant, il faut que nous nous organisions. Et que nous cogitions.

(Eren) D'après vous, de combien de temps disposons-nous ?

(Livai) Si Pixis a été convaincant, nous devrions être tranquilles encore un moment. Mais Kirstein finira bien par découvrir l'existence du Peacemaker.

(Eren) Il ne sait pas que vous vivez sur un bateau ?

Livai eut un petit rictus.

(Livai) Non, répondit-il. Si vous n'avez pas un bureau et une assistante, personne ne vous prend au sérieux. J'évite donc de m'étendre sur mon mode de vie.

Il lui jeta un regard amusé.

(Eren) Vous avez quelque chose contre les bureaux ?

Il faillit lui répondre qu'il ne les aimait pas plus que les maisons, mais il se ravisa et opta pour une réponse plus pragmatique.

(Livai) Je n'ai pas les moyens d'avoir à la fois un bureau et un bateau. Le choix a été vite fait.

(Eren) C'est parce que le Peacemaker appartenait à votre père que vous avez décidé de le garder ?

(Livai) Oui. Ce bateau était le rêve de sa vie. Une sorte d'aboutissement. Il était impatient d'être à la retraite pour pouvoir faire le tour du monde.

Il ouvrit de grands yeux.

(Eren) Et votre mère était partante ?

(Livai) Pas plus que ça, mais elle l'aurait suivi. Elle disait toujours qu'elle se sentait partout chez elle.

Ren battit des paupières comme pour refouler les larmes qui lui étaient montées aux yeux.

(Eren) C'est ce qui s'appelle...

Il se tut, visiblement trop ému pour finir sa phrase.

(Livai) De l'amour, murmura-t-il. Ces deux-là ont vécu quelque chose d'unique.

Il devina à son silence qu'il pensait à la manière tragique dont leur romance s'était terminé.

(Eren) Est-ce que cela vaut le coup ? demanda-t-il tout bas.

-Je n'en sais rien, répondit Livai.

À cette question, sa mère aurait sans aucun doute répondu par l'affirmative. Mais lui était incapable de se prononcer. Et pour cause : il n'était même pas sûr de pouvoir un jour aimer quelqu'un.
Cette pensée le rendit presque aussi nerveux que le fait de passer la nuit à quelques mètres de Ren. Parce qu'il sentait confusément que le jeune homme n'était pas étranger à tous ces préoccupations, totalement inédits pour lui.
Et parce qu'il brûlait de désir pour lui, à tel point qu'il se demandait s'il ne risquait pas de déclencher l'alarme incendie.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant