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Cela faisait un bout de temps qu'il n'était pas revenu.

Pourvu que ce soit aussi beau que la dernière fois ! songea-t-il, vaguement inquiet. Il avait tellement insisté pour que Ren l'accompagne qu'il craignait de perdre la face, si l'endroit se révélait finalement sans intérêt.


Après moult réflexions, il décida de garder le silence. Ainsi il ne risquerait pas de dire quelque chose qui l'effraierait encore plus. Son seul souci pour l'instant était de l'empêcher de rebrousser chemin et, plus généralement, de disparaître de nouveau. Il se préoccuperait plus tard de chercher à savoir pourquoi il était comme cela.
Ce qui l'embêtait surtout, c'était qu'il ait peur de lui.
Qu'avait-il bien pu faire pour lui inspirer une telle crainte ?
Ren était un empêcheur de tourner en rond. La conversation qu'ils avaient eu tout à l'heure en était bien la preuve.
Lui qui ne parlait jamais de son père, des circonstances de sa mort, de la culpabilité qui ne l'avait jamais quitté depuis, il s'était brusquement mis à tout lui raconter. Sans aucune raison.
Car, si ensuite il s'était confié à son tour, il ne l'avait pas prévu. Il n'y avait eu aucun calcul de sa part.
En repensant à ce qu'il lui avait dit, il eut tout à coup une sorte de choc. Pourquoi n'avait-il pas compris tout de suite ?
Le fait qu'il ait été abandonné par ses 2 parents, tout d'abord par sa mère, morte d'un cancer, puis par son père, parti sans laisser d'adresse, pouvait expliquer, au moins en parti, qu'il soit aussi craintif.
Comment aurait-il réagi, lui, si après la mort de son père sa mère avait sombré dans la dépression et finalement fichu le camp ? Après le drame, sa mère et lui avaient été si soudés qu'il n'osait même pas imaginer ce qu'il serait devenu s'il l'avait perdue, elle aussi...
Du coup, il comprit un peu mieux la profondeur du lien qui unissait les 2 frères. La disparition de leurs parents les avait rapprochés, d'où la réaction désespéré de Ren lorsqu'il avait cru son frère mort. S'il était également très attaché à son mari - même si cela restait encore à démontrer -, il devait avoir l'impression que toutes les personnes auxquels il tenait finissaient toujours par l'abandonner, d'une manière ou d'une autre.
Livai s'en voulait de ne pas avoir compris plus tôt.


Tu es d'autant plus impardonnable que tout cela, Ackerman, tu l'as toi-même ressenti.


Il se retourna pour s'assurer qu'il suivait toujours. Il avançait, mais de mauvaise grâce, comme le condamné se rendant à l'échafaud. Ils étaient presque arrivés, maintenant.
Pour que ce soit une surprise, il fallait détourner son attention.

-Cela risque de glisser un peu, dit-il. Regardez où vous mettez les pieds.

Sur ces mots, il lui tendit la main.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant