Parti 24

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C'est ta faute, mon vieux. Tu n'avais qu'à pas l'embrasser.


Livai avait beau se faire la leçon et se jurer de ne plus y penser, impossible de trouver le sommeil. Dure et étroite, la couchette de la chambre d'amis lui rappelait constamment que Ren était dans son lit.
Même le clapotement des vagues contre la coque, qui d'habitude le berçait, lui donnait des idées lubriques. Et les cris des oiseaux nocturnes, qui déchiraient de temps à autre le silence de la nuit, évoquaient dans son imagination enfiévrée les cris d'extase qu'il aurait aimé arracher au jeune homme endormi à seulement quelques mètres de lui.
Il se retourna pour la énième fois en donnant au passage un grand coup de poing dans son oreiller, qui n'y était pourtant pour rien.

-C'est entièrement ta faute, marmonna-t-il dans le noir.

Comme Ren le lui avait fait judicieusement remarquer, encore heureux qu'il ne soit pas son client ! Mais c'était un piètre consolation.
Car le jeune homme n'en était pas moins au centre de sa mission. À supposer qu'il ait encore une mission ! Son employeur lui ayant menti de bout en bout, ayant usurpé l'identité de quelqu'un d'autre à des fins malveillants, tué le frère de Ren et tenté de le tuer lui aussi, Livai ne se sentait plus aucune obligation envers lui.
Il savait à présent ce qu'il s'était passé cette nuit-là. C'était si clair dans sa tête qu'il avait presque l'impression d'avoir assisté au drame. Lorsque Jean Kirstein avait surpris son mari en train de faire ses valises, de nuit, en catimini, avec l'aide de son frère, il avait compris qu'il l'avait perdu. Qu'il ait débarqué avec un révolver pointé sur eux, en croyant avoir affaire à des cambrioleurs, ou qu'il se soit emparé de l'arme seulement après importait assez peu.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant