Perte de contrôle

Chapitre 2

-Chad-

— Bonjour et bienvenus à tous au siège du Saphyr Hôtel ! Vous avez été sélectionnés pour le programme "rajeunissons le Saphyr". J'espère que vous serez à la hauteur de nos espérances...

Ce fut à partir de là que je décrochai de son discours. Ce vieux riche n'attendait pas qu'on fasse nos preuves mais qu'on lui obéisse au doigt et à l'œil. Très bien. S'il fallait que j'en passe par là pour arriver à gagner de l'argent, j'allais lui obéir comme un gentil toutou. Mais j'avoue que je rêvais de beaucoup plus qu'un petit stage ici. Il fallait absolument qu'il me recrute à la fin de cet été. J'avais besoin d'un travail ! Et peut-être que dans quelques années, je deviendrai manager ou un truc comme ça.

— Vise-moi cette meuf, me souffla Mourad.

Lui, je venais tout juste le rencontrer alors qu'on allait se servir au buffet. Je n'avais pas pu résister à toutes ses pâtisseries. Quand j'ai vu Mourad, je savais qu'on allait s'entendre. Avec sa peau basanée, il faisait tache dans cette foule : comme moi. Comparés aux autres, nous n'étions pas riches et vêtus d'un costard hors de prix. Lui, portait une simple chemise à carreaux bleue avec un pantalon noir et des Nike. Bon, il avait forcé un peu quand même, pour le premier jour ! Moi, j'avais quand même fait un effort en ayant mis mon seul et unique costard que j'avais porté le jour de l'enterrement de mon père. Je serrai les dents en me souvenant de cet événement et reportai les yeux vers la fameuse fille, afin d'en oublier la douleur.

Elle était plutôt bien habillée. Chemisier blanc, pantalon et veste noirs. Ses cheveux châtains étaient attachés en une queue de cheval stricte. En la détaillant, je me souvins de cet article que j'avais vu sur Facebook. C'était sa fille ! La fille du big bosse ! J'avais lu qu'elle avait été en garde à vue pour altercation avec la police mais que son père l'avait sorti de là grâce à sa thune. Évidemment ! C'était si simple pour ce genre de personnes. L'argent résolvait tout ! Sauf qu'il n'avait pas eu le temps de faire taire la presse. Dommage ,M. Saphyr. Je fixais donc, hum... comment c'était son prénom, déjà ? Ah oui, Elsa ! Elsa Saphyr. Elle était à côté d'une autre fille enveloppée dans une robe beige plutôt élégante. Elles discutaient à voix basse tout en jetant des coups d'œil à la foule.

— Laisse tomber, t'as aucune chance, mec ! C'est la fille de Saphyr.

Mourad sourit malicieusement.

— Encore mieux !

M. Saphyr termina son discours et nous invita à visiter les locaux. C'était immense ! Chaque étage correspondait à un service. Le mien était le marketing qui était au deuxième. Lorsque l'on monta d'un étage, en comptabilité, il n'y avait que des gars à lunettes d'une trentaine d'années. Enfin, au quatrième, se trouvait le service achat, vente et commercialisation.

Tout au long de la visite, je ne pouvais m'empêcher de regarder la réaction des autres stagiaires. Quand moi, je trouvais la grandeur de ces locaux impressionnante, eux paraissaient juste intéressés. Et encore ! Quand ils faisaient mine de l'être vraiment, c'était pour flatter Elsa.

— Wouaaaw ! Ton père a vraiment bâti cet empire tout seul ?

Elsa sourit à ce mec en costard gris et cravate rouge. Il avait cette posture droite qui montrait toute sa hauteur et ce regard arrogant. Bref, il sentait la frime à des kilomètres !

— Eh oui, Aaron ! Pas mal, hein ? Et je pourrais te montrer pleins d'autres choses intéressantes dans ces locaux, tu sais... répondit Elsa sur un ton aguicheur.

Eh ben, ils allaient bien ensemble, ces deux-là ! Pourris jusqu'au bout des ongles. Je détournai le regard et suivis le groupe jusqu'à la cafétéria qui était au rez-de-chaussée. Il y avait un self-service et, au fond, un genre de bar où on pouvait acheter des pâtisseries, des bonbons, des milkshakes et plein d'autres trucs super cool !