Chapitre 17

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-Chad-

Quand je découvris Elsa cramponnée à ce mec contre le mur de la maison, j'eus l'impression qu'on m'assenait un coup de poing dans le ventre. Nos regards se croisèrent et elle se détacha de lui, l'air gêné. Je faillis rire : Elsa Saphyr ne pouvait pas être gênée ! Pas à cause de moi. Pourquoi le serait-elle ?

— Faut que j'y aille, souffla-t-elle.

Sans aucun mot, je me tournai, la mâchoire crispée, et retrouvai Mme Saphyr et Stefan qui attendaient devant la voiture. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi j'étais si irrité jusqu'à ce que mon cerveau m'envoie des images subliminales : sa main dans la mienne et son sourire à hypnotiser n'importe quel mec qui s'y attardait une seconde de trop. 

Je me résignai. Cette journée n'avait été qu'une parenthèse pour elle, comme ce moment qu'on avait passé dans la salle du piano. En regardant ce type qui la suivait, je compris qu'elle ne ressentait pas les mêmes choses que moi. Je devais être réaliste, je n'étais qu'un pauvre petit citoyen et si elle ne le savait pas encore, elle devait bien le ressentir au fond d'elle. Ce mec devait pouvoir lui offrir des cadeaux hors de prix, et moi, qu'avais-je à proposer ? Une petite sortie à la fête foraine... j'aurais au moins eu le mérite d'avoir passé une journée avec la fameuse Elsa Saphyr.

— Je vais monter dire au revoir à Liam, sinon il va m'en vouloir, annonça-t-elle en se ruant dans la maison.

— Cameron, que fais-tu ici ? s'étonna Mme Saphyr.

— Je venais dire bonjour à Elsa.

Lui dire bonjour, hein ? J'enfouis mes mains dans les poches et m'appuyai contre le capot de la voiture. Mme Saphyr le jaugeait. Quelque chose me disait qu'elle en savait plus qu'elle ne le devait. Ça devait être dur pour une mère de savoir que sa fille s'amusait avec les garçons. D'après ce que j'avais pu comprendre, elle semblait vraiment s'inquiéter pour Elsa.

Après qu'Elsa se soit échappée, Mme Saphyr m'avait présenté des excuses pour le comportement de sa fille. Ne supportant pas de voir une mère si triste à cause de sa propre fille,  je n'avais pas pu m'empêcher de la réconforter en lui assurant qu'Elsa l'aimait et qu'il lui fallait seulement du temps.

Je croisai les yeux de Mme Saphyr qui me sourit avec douceur et le lui rendit, le cœur lourd. Que savais-je d'Elsa, moi ? J'avais parlé sur un coup de tête, sans vraiment réfléchir.

— On va y aller, intervint Elsa en nous rejoignant.

Sous la lumière du néon au-dessus de la porte, Mme Saphyr la prit tendrement dans ses bras, mais Elsa la repoussa. Je voyais bien qu'elle cherchait à blesser sa mère, ce que je trouvais assez cruel. Malgré tout, je pouvais comprendre que ça devait être dur pour elle de voir sa mère dans les bras d'un autre homme. D'ailleurs, Elsa rentra alors dans la voiture sans porter le moindre regard à ce dernier. Quant à moi, je lui serrai la main. Il avait l'air d'un type plutôt gentil, vu la façon dont il se comportait envers Liam. Ce n'était pas son fils et rien ne le forçait à s'en occuper. Pourtant, j'avais bien senti qu'il lui portait beaucoup d'affection.

— Au revoir, Chad. Ça a été un plaisir de te rencontrer, me salua Stefan en souriant.

Je me tournai vers Mme Saphyr et lui tendis ma main qu'elle serra entre ses deux mains.

— Soyez prudents sur la route.

— Oui, bien sûr, Mme Saphyr.

— Appelle-moi Vanessa, je t'en prie, me demanda-t-elle en me relâchant. J'espère à bientôt.

Je souris, contrit. Je ne pensais pas que cette situation se reproduira à l'avenir.

— Au revoir, les saluai-je en entrant dans la voiture.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant