-Elsa-
Lundi, je ne pus échapper au stage. Mon père était entré dans ma chambre pour me le rappeler, comme si de rien n'était ! Pourtant, il y avait bien un froid entre nous. Depuis la veille, j'avais réussi à ne plus croiser personne, mis à part Gabriella. C'était vraiment sympas de la retrouver et de lui parler. On pouvait tout lui dire, elle ne le répétait jamais ! En plus, sa cuisine m'avait vraiment manqué, et son bon petit plat maison m'avait paru plus qu'appétissant.
Enfin, ce moment de répit fut de courte durée puisque, ensuite, mon père m'avait ramené à l'hôtel. L'ambiance n'était pas vraiment au rendez-vous, ce matin. En effet, dans la voiture, mon père ne m'avait pas adressé un seul mot ! J'avais eu l'impression que le trajet avait duré des heures !
Arrivés à l'hôtel, j'avais décidé de ne pas travailler. J'en avais marre de coopérer, de faire tout ce qu'il me disait docilement.
Peut-être que je me comportais comme une gamine gâtée, mais je ne me sentais pas d'attaque à gérer l'autre veille croûte qui me servait de tutrice. Et de toute façon, à quoi ça servait de me trouver des excuses ? Je n'avais tout simplement pas envie de travailler, et encore moins pour mon père !
Alors une fois à l'hôtel, je le laissai rejoindre son bureau tandis que je gagnai à grands pas le restaurant.
En ce bon matin, il n'y avait que quelques personnes qui prenaient le petit dej', la plupart étant installés sur la terrasse.
Il me semblait que le restaurant venait en seconde place dans le top cinq des endroits où je passais mon temps, après la salle piano, et ce n'était pas à cause de l'aspect futuriste de l'endroit, que j'aimais particulièrement. Mais c'était tout simplement parce que je mangeais presque tous mes repas ici.
Je levai les yeux vers le plafond. Il semblait être construit en superposant des triangles 3D les uns sur les autres. Je m'étais toujours demandé comment les architectes avaient eu cette idée.
Je zigzaguai entre les tables. Je savais qu'au coucher du soleil, elles allaient être illuminées par des néons aux multiples couleurs qui retraçaient leurs contours. Sans faire attention, j'analysais les fauteuils en cuir noir pour vérifier leur état et la propreté des lieux. Je faillis m'en mettre une en me rendant compte que je réagissais comme mon père !
J'allai m'asseoir à la terrasse, me mêlant aux clients. Je les regardais d'un œil attentif. Certains buvaient leurs cafés tranquillement en discutant, d'autres mangeaient tout en tapant frénétiquement sur leurs téléphones ou leurs ordinateurs portables. Ils étaient tous en costard ou tailleurs, prêts pour une journée de travail. Comment faisaient-ils pour trouver le courage de se lever le matin ? Si mon père ne me traînait pas jusqu'ici, jamais je ne me serais levée.
Je fouillai dans mon sac pour trouver mes lunettes de soleil, et les posais sur mon nez. Le soleil était au rendez-vous aujourd'hui, et cela me faisait un grand bien !
Un serveur passa dans son uniforme de travail. Pantalon et chemise noirs exigés. De toute façon, c'était l'hôtel qui fournissait leurs vêtements, il n'avait pas tellement de choix. Alors que je lui faisais signe, je me disais que si jamais je reprenais l'hôtel de Nice, je relookerais les employés !
Brayan, selon son badge, prit ma commande et repartit rapidement, me laissant contempler la vue. Le restaurant étant au deuxième étage, nous étions donc en hauteur, et je voyais le grand parc devant l'hôtel, ses allées fleuries, ses haies taillées, ses lacs transparents, ses statues d'argile, le chêne imposant au centre...
Ma vie effrénée ne me laissait pas le temps pour juste regarder ce qu'il y avait autour de moi. Non, après réflexion, c'était la vie de mon père, dans laquelle il m'entraînait, pas la mienne.
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Perte de contrôle
Ficção GeralElsa est la fille de Benjamin Saphyr, grand PDG de la chaîne hôtelière de renommé mondiale. Née avec une cuiller d'argent dans la bouche, elle a tout pour être heureuse. Et pourtant, un jour, sa bulle de bonheur a explosé et, depuis, elle n'a de ces...