Chapitre 23

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-Chad-

Assis bien confortablement dans mon siège, je regardais le paysage défiler sous mes yeux. À vrai dire, j'étais éreinté et je n'avais qu'une envie, c'était de rentrer pour retrouver ma famille et taper un somme pour récupérer. Ah oui, et oublier cette journée ! Oublier cette fille. Oublier ce baiser.

Depuis qu'on était montés dans le train, Elsa ne m'avait pas adressé la parole et avait comme dressé une vitre entre nous, à l'instar de celle qu'elle avait dressé entre elle et son chauffeur un peu plus tôt. Il se pouvait bien que j'avais touché sa fierté en la repoussant et son comportement m'indiquait clairement que c'était le cas. Elle avait cru que j'étais comme tous ces mecs qui lui courraient après, prêt à tout pour lui plaire pour lui donner ce qu'elle désirait. Or, il était inconcevable que je me rabaisse à ça, être un énième nom sur une liste. Je valais mieux, quand même !

Du coin de l'œil, je la vis remonter ses lunettes sur la tête tout en s'esclaffant avec son chauffeur, juste en face de moi. Son costume semblait le rendre plus mature, mais je voyais bien qu'il était jeune. Je dirais qu'il avait vingt ans à tout casser. Et vu la manière dont il avait de regarder Elsa, je ne me doutais pas qu'il n'était pas dérangé à l'idée d'être un de plus dans son tableau de chasse. Quelque chose me disait même qu'il y était déjà, sur cette liste. J'avais bien vu la manière dont il m'avait maté quand j'étais monté dans la voiture. T'inquiètes mon gars, elle est toute à toi. 

Je secouai la tête. En y repensant, depuis que je la connaissais, c'est-à-dire une dizaine de jours, je l'avais vu avec trois garçons déjà ! Hostin, ce Cameron si je me souvenais bien et le chauffeur. Et en plus, elle pensait que j'allais tomber dans ses filets ! Je soupirai. Tout ça m'agaçait et je crois bien que la fatigue ne faisait qu'amplifier ce sentiment. Je jetai un dernier coup d'œil à Elsa à la dérobée. J'avais cru que j'avais pu la percer à jour, qu'on s'était un peu... rapprochés, en quelque sorte. Mais, maintenant, j'avais juste l'impression qu'elle était à des années-lumières de moi. Et c'est mieux comme ça, me dis-je en me forçant à fermer les yeux.

Je m'étais endormi presque instantanément malgré que la voix de "son Alexis" m'était de plus en plus insupportable à entendre. J'avais fini par faire une totale abstraction du bruit qui m'entourait et à me plonger dans un profond sommeil jusqu'à ce que la voix de Madame SNCF ne résonne dans ma tête. Alors, tout revint. Les gens qui parlaient entre eux, le bruit du roulement des roues en contact des rails et, surtout, les voix de mes fichus compagnons de route !

— Il faut le réveiller, on ne va pas tarder à arriver... disait Elsa.

— On pourrait le laisser dans le train, ça pourrait être marrant ! décréta Alexis.

Mais quel enfoiré, celui-là ! Et mon poing dans sa gueule, ça aussi, ça allait être marrant !

— Et si tu fermais ta gueule ? Ça pourrait être marrant aussi, non ? répliqua-t-elle.

Un petit sourire se dessina sur mes lèvres et j'ouvris les yeux. Je n'allais pas forcer Elsa à me parler puisqu'elle n'en avait apparemment pas très envie, vu l'hésitation qu'elle avait à se décider de me réveiller ou non.

Je m'étendis et attrapai mon sac au passage pour chercher mon téléphone. J'avais envoyé un message à Nadia juste avant d'aller à la fête foraine en lui expliquant de ne pas m'attendre et, depuis, je n'avais plus pensé à lui redonner des nouvelles. Ma mère allait me tuer en rentrant, c'était sûr ! Elle allait penser que j'avais fait la fête toute la nuit ! Si elle savait...

Bon, il était où ce foutu téléphone ? Je cherchai, fouillai partout dans toutes les poches, y compris dans celles de mon jean mais il était juste introuvable ! Merde ! Qu'est-ce que j'avais bien pu en faire ? Bon, puisqu'on n'allait pas tarder à descendre, je n'étais plus à une vingtaine de minutes près, maintenant... Et puis, ce n'était pas la première fois que je ne donnais pas de nouvelle comme ça donc ma mère ne devrait pas trop être inquiète. Je l'espérais en tout cas.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant