Chapitre 13

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-Chad-

Plantés au milieu du quai, je regardais mes camardes stagiaires réunis par groupe ci et là, discutant de vive voix. Je me demandais comment ils faisaient pour être en forme dès le matin. Ils avaient l'air tous bien réveillés alors que moi, psychologiquement, je dormais encore.  C'était sans doute aussi le cas pour Diego que je n'entendais pas parler. Et en me retournant vers lui, je compris que j'avais vu juste puisqu'il était adossé contre le mur, la tête baissée, les bras croisés et les yeux fermés.

— Ça va être génial ! répétait Mourad, pour la centième fois, au moins.

Contrairement à nous deux, lui, était en pleine forme ! Il n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens, comme s'il faisait une sortie au centre ! S'il répétait cette phrase encore une fois, je me voyais bien lui en coller une. Ça devenait vraiment soûlant ! Surtout que je n'avais pas vraiment envie d'y aller, moi, à cet hôtel à Nice. Ma mère rentrait aujourd'hui de l'hôpital et j'aurais préféré être là pour l'accueillir. Cependant, elle avait vraiment insisté pour que je ne sèche pas. Alors, j'avais cédé en lui demandant de faire très attention à elle pendant mon absence.

En faisant le tour des groupes, je m'arrêtai sur celui d'Aaron. Bastien et lui semblaient débattre avec sérieux quand, tout à coup Elsa, s'esclaffa avec la brune de leur groupe. Le même qui se réunit tous les midis, à la cafétéria. Évidemment, c'était Elsa qui attirait toute mon attention. Et quand son rire parvint jusqu'à moi, je n'en fus pas satisfait. Il était différent de celui qu'elle m'avait offert lors de notre dernière rencontre. Ce que je voyais maintenant était loin de la fille du piano. Elle avait revêtu cette attitude froide et distante et ce faux sourire qui n'atteignait pas ses yeux. Elle jouait ce rôle à la perfection et j'y aurais cru si je n'avais pas vu ses larmes pétiller dans ses yeux. Cette image ne me quittait plus depuis. C'était tellement à l'opposé de ce qu'elle dégageait...

Quand la voix de la SNCF retentit, tous les groupes se réunirent vers l'une des portes du train Je soupirai et rehaussai mon sac à dos sur l'épaule avant de secouer Diego.

— On y va !

Il ouvrit les yeux et passa sa main dans sa touffe de cheveux avant de bâiller bruyamment et de nous suivre, Mourad et moi, sans un mot.

Alors qu'on rejoignait nos places, je ne pus qu'être surpris par la classe du compartiment ! C'était si aéré entre les sièges et si propre ! Le tout était de couleur bleu sombre et les sièges étaient en cuir beige. Mourad s'affala sur l'un d'eux, en sens inverse de la route, tout en regardant les lieux les yeux arrondis par l'excitation. Diego s'installa en face de lui, lui aussi, les yeux illuminés.

— C'est dément ! s'enthousiasma Mourad en appuyant sur un bouton, faisant en sorte d'allonger ses jambes.

— Arrêtez de faire ces têtes-là, on dirait des mongoles ! lançai-je, exaspéré.

Je pris place à côté de Mourad au moment où le groupe d'Aaron passa à côté de nous. Je fus un peu vexé qu'Elsa passe en me jetant un coup d'œil à la dérobé. Elle n'a même pas pris la peine de m'adresser un petit salut de la main, comme l'ont fait à Bastien et Aaron.  Je leur souris en retour et ils allèrent s'asseoir une rangée plus loin.

Mourad fronça les sourcils alors que je me tournais vers lui.

— J'espère qu'on te fait pas trop honte. T'as qu'à les rejoindre, siffla-t-il.

— Oh, t'es jalouse ! T'es trop mignonne, ma chérie ! ris-je.

Pour toute réponse, il m'envoya un doigt. Diego et moi éclatâmes de rire. La voix de madame SNFC retentit à nouveau et le train s'ébranla quelques minutes plus tard. Je mis alors mes écouteurs aux oreilles, bien décidé à me reposer pendant tout le trajet. Cependant, avant de fermer les yeux définitivement, je ne pus m'empêcher de regarder Elsa, deux rangées plus loin. 

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant