Chapitre 39

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-Elsa-

Le sourire aux lèvres, je me laissais tomber sur mon lit en étoiles de mer. Je n'avais même pas protesté lorsque j'avais vu Alan, le garde du corps qu'avait engagé mon père pour me surveiller (eh oui, il était toujours là !), venir me chercher à l'hôtel, car il commençait à se faire tard. J'étais dans un tel état d'euphorie que j'en avais oublié que je m'étais disputée avec mon père et Livia. Mais, à cet instant, je m'en fichais complètement ! Il n'y avait que lui dans ma tête !

Plusieurs moments me revinrent en mémoire : la fête foraine, sa façon de prendre ma défense autant aux auto-tamponneuses que l'autre coup, devant L'eucalyptus, quand un mec m'était rentré dedans. Il avait l'air si énervé que ça m'avait étonné et toute chamboulée, sur le coup, ne comprenant pas pourquoi. D'ailleurs, je ne le comprenais toujours pas.

Et puis enfin, ce moment dans la serre ! C'était complètement... irréel ! Pour commencer, j'avais mis ma fierté de côté. J'avais compris qu'il y avait sûrement quelque chose qui clochait, pour qu'il me repousse comme ça dans le couloir. Ensuite, j'avais eu l'envie irrésistible de vouloir le réconforter, quel eut été son problème. Et, finalement, je ne me remettais pas de notre échange sous l'arbre. Il s'était confié à moi et, même si je n'avais sûrement pas été d'une grande aide, j'avais tout de même réussi à le faire sourire, et c'est ça, il me semblait, qui me rendait euphorique. Ah oui, ça et ma main dans la sienne ! J'avais juste l'impression de ressentir sa chaleur m'envahir à nouveau en cet instant.

Je pris une longue inspiration. Mes pensées allaient dans tous les sens ! Il fallait que je me calme ! C'était complètement insensé. J'avais été beaucoup plus loin avec un tas de mecs, et personne encore ne m'avait fait ressentir cet effet de dingue.

Je me redressai sur le lit et décidai qu'il fallait absolument que je me change les idées. J'appelais donc Alison, une certaine inquiétude au creux de mon estomac. Elle ne m'avait rien dit de plus sur le dîner avec Hasan, et je n'avais aucune idée s'il avait déjà eu lieu ou non.

Au bout de la deuxième sonnerie, elle décrocha et son air joyeux habituel m'informa très vite de la situation, à savoir qu'elle n'avait toujours pas été larguée...

Avec tout le tact dont je savais faire preuve, je lui demandais quand était ce dîner et elle m'apprit qu'ils avaient rendez-vous samedi soir dans un grand restau. Qu'est-ce qu'il lui mettait tant de temps, à ce crétin ? Enfin, je ne m'étais pas étalée sur le sujet, sinon j'allais faire une gaffe en lui révélant ce que je savais sur son "Julien". Je changeai donc de sujet et lui appris que Livia était à la maison.

— Sans Dorian ? s'étonna-t-elle.

— Oui, sans lui. Et heureusement !

— Et elle repart quand ? enchaîna-t-elle.

— Je n'en sais rien. Le plus vite possible, j'espère. J'en ai marre d'être coincée dans ma chambre.

Je l'entendis soupirer.

— Tu devrais peut-être lui parler, Elsa. C'est ta sœur, quand même. Tu ne pourras pas l'éviter éternellement.

— Pourquoi pas ? De toute façon, on a déjà remis les choses aux claires.

— Tu tires peut-être des conclusions trop hâtives...

— Le fait qu'elle soit partie n'est pas une conclusion hâtive, Ali !

— Bon, puisque tu es trop bornée pour m'écouter, je vais te laisser. J'ai encore des petits détails à voir pour mon article. On se rappelle ?

— Ok, à plus.

Je raccrochai et allai me planter devant ma fenêtre. Le soleil allait se coucher et laissait un halo orangé derrière lui. Mes yeux balayèrent la piscine couverte d'une bâche, les transats empilés contre le chêne, le potager nu de ma mère... Je revoyais presque Liam jouer avec cette dernière et tirer le ballon sur Livia qui flottait sur un matelas gonflable dans la piscine. J'émis un petit rire en me rappelant qu'elle avait failli tomber dans l'eau, avec son magazine. Elle s'était alors mise à hurler qu'on ne la laissait jamais tranquille, avant de se remettre à sa lecture.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant