V - Chad

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Salut !!!!

Comment ça va ? Bon, voici le chapitre qu'on attendait tous avec impatient : celui où - ENFIN - ils vont discuter. Espérons qu'Elsa arrive à se faire pardonner...

Bonne lecture !

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— ­Timéo est un si joli bébé ! lança Elsa en plongeant sa fourchette dans ses pâtes. Alison était rayonnante.

Elle n'avait pas arrêté de parler depuis que j'étais rentré du travail. Enfin, surtout depuis qu'on était rentrés à la maison, que tous les deux, pour ce dîner. Il me semblait qu'elle tentait de combler le silence qui s'instaurait entre nous, le genre de blanc qui mettait mal-à-l'aise, qui suggérait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

— Je me souviens de la naissance de Kelio, ajouta-t-elle.

Son visage s'était éclairé et, pourtant, une ombre passa dans ses yeux. Et pour cause, la naissance de Kelio avait été une suite de complications. Elsa avait saigné, beaucoup saigné. Je revoyais encore le sang dégoulinant le long de ses jambes, ce sang que je revoyais sur mes mains de temps en temps. Et ses grimaces de douleur. Et ses hurlements de souffrance... C'était affreux. L'instant d'après, les médecins l'avait emmené pour une intervention. C'était trop tôt pour Kelio, c'était bien trop dangereux. En un instant, mon monde s'était écroulé. J'avais peur de perdre ma femme et mon bébé. Les deux en même temps. Les minutes s'écroulaient et, dans la tornade, je me souvenais que d'une seule chose, la question du médecin. Elle se répétait en boucle dans ma tête : si on devait sauver l'un des deux, lequel doit-on sauver ? Je n'avais pas voulu de ce pouvoir. Non, je ne le voulais pas. Qui étais-je pour prendre une décision pareille ? Ma femme ou mon fils ? Et pourtant, j'avais dû le faire. Et je l'avais fait. J'avais choisi mon fils et je choisirai toujours mon fils. Même si j'aimais Elsa. Le bien de Kelio devait passer avant tout.

— Quand je me suis réveillée, et que tu me l'as amené, c'était juste merveilleux ! Tout mon monde a changé, tout s'est mis à tourner autour de lui. J'ai vu ça dans les yeux d'Alison, tu sais.

Je crispai ma mâchoire. Pourquoi elle faisait ça ? Peut-être bien que Kelio lui était aussi important qu'elle voulait le faire croire mais ça ne l'avait pas empêché de mettre les voiles. Son accouchement d'urgence l'avait beaucoup affaiblie et, malgré les petits sourires que Kelio arrivait à lui soutirer, elle était entrée dans une phase dépressive. Alors, qu'elle me parle de la naissance de Kelio comme un jour « merveilleux », ça m'irritait. Elle ne pouvait pas idéaliser cette putain de journée alors qu'elle avait failli mourir avec notre fils.

­— Ce jour a été le pire de ma vie, affirmai-je en posant ma fourchette.

Elle leva les yeux et me confronta, l'air complètement abasourdie par mes propos.

— Chad, voyons...

— Arrête de faire comme si tout allait bien, Elsa ! Arrête de faire semblant !

Elle haussa les sourcils face à mon ton brusque. Tous mes muscles étaient désormais crispés. J'étais bouillant.

— Le jour de la naissance de Kelio, t'as failli mourir et lui aussi !

Elle pinça les lèvres et déglutit. Je me demandais bien ce qu'elle pensait en organisant ce dîner. Appeler un traiteur pour un plat à domicile, arranger la table ou même régler l'éclairage pour une lumière tamisée ne changeait rien à notre situation.

— Mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Je suis en vie et Kelio aussi. Il va bien et moi aussi.

Je serrai les dents. Ils allaient bien. Mais moi ? J'avais eu l'impression d'y avoir laissé un morceau de mon âme, ce jour-là.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant