Perte de contrôle

Chapitre 41

-Chad-

Bastien, Aaron et les filles du groupe étaient tous assis à leur table habituelle, en train de discuter de vive voix. Je fixais la chaise vide où il devait y avoir Elsa, et je me demandais où elle pouvait bien être. Cela faisait deux jours qu'elle n'était pas venue et, il fallait l'avouer, cela m'inquiétait un peu. Elle n'aurait jamais renoncé à son argent...

Peut-être que son père n'avait pas pu pousser sa punition plus loin, et qu'il lui avait rendu la totalité de son compte bancaire. Après quoi, elle avait décidé de ne plus revenir. Cela voulait-il dire que je ne la reverrais plus jamais ?

Je posai mon plateau sur la table où Mourad et Diego m'attendaient. La cafét' était toujours aussi remplie de stagiaires et d'employés qui parlaient de vive voix, créant un brouhaha de fond.

— Tu peux y aller, si tu veux, lança Mourad. Tu fais presque partie de leur club !

— Mais non, qu'est-ce que je ferais avec ces gens-là ? répliquai-je.

Il était vrai que j'aurais pu facilement me glisser dans la bande, maintenant que Bastien me proposait des soirées. Mais si je l'avais fait, ça aurait seulement été pour savoir ce qu'il en était avec Elsa. Je pouvais peut-être demander à Aaron. Et puis, en pensant que, de un, il semblait être de mauvaise humeur depuis la soirée, de deux, qu'il me semblait qu'il s'était embrouillé avec Elsa, et de trois, qu'il ne me parlait pas plus que ça, je me dis que finalement non.

Ce mec était vraiment bizarre ! J'avais choisi de ne pas lui courir après pour comprendre pourquoi il avait décidé de ne plus vraiment m'adresser la parole. Peut-être que c'était parce qu'il savait que j'avais raccompagné Elsa, et qu'il s'était fait des films. De toute façon, je m'en foutais bien ! J'avais d'autres choses sur lesquelles je devais cogiter en priorité. Comme le fait que Nadia ne m'ait toujours pas appelé !

— Tu pourrais... mater la fille Saphyr de plus près ! proposa Mourad.

— Enfin, quand elle est là, ajouta Diego.

Rien que parler d'elle, ça m'intéressait.

— T'as remarqué qu'elle n'est pas là, aujourd'hui ? me demanda Mourad.

— Bien sûr, qu'il l'a remarqué ! avança Diego. Il ne fait que regarder cette table.

— Oh ! Je suis là, quand même ! leur fis-je remarquer.

Ils rirent tous les deux, et je levais les yeux au ciel. Ça se voyait tant que ça, que je passais mon temps à observer cette table pendant mon temps de midi ?

— Alors, hermano, je croyais que cette fille ne t'intéressait pas ! me dit Diego, avant d'avaler une cuiller de purée.

Pour la première fois, je n'étais pas révulsé de leur dire que, peut-être bien, cette fille n'était pas totalement celle que je m'étais imaginé.

— Si je me rappelle bien, tu n'aimais pas les filles superficielles, plein aux as et filles à papa ! Chad, tu me déçois ! Tu es tombé bien bas ! finit Mourad, feignant d'être déçu.

— Arrêtez, il ne se passe rien entre nous.

Mourad prit un air sérieux et me rappela :

— Il ne se passe rien entre vous, mais on sait que tu la vois ! Il y a eu l'épisode à l'hôtel de Nice, puis la dernière fois, à la soirée, quand tu l'as raccompagnée !

— Et sa copine ! lui rappelai-je à mon tour. Je l'ai raccompagnée avec sa copine !

— Qui n'est pas mal non plus ! sourit Diego.