Chapitre 50

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-Elsa-

Je n'avais pas le temps de songer à ce qu'il s'était passé cette nuit et à ce début d'après-midi, puisque je m'apprêtais à rentrer chez moi. J'avais une boule au ventre, les pensées en vrac, mais je me souvenais que trop bien du visage de ma mère quand je m'étais vidée de ce que j'avais sur le cœur. Chad avait dit que cela devait me faire du bien, mais, en vérité, cette image me torturait l'esprit.

J'avais cru que me défoncer la gueule me ferait du bien. J'avais cru que j'oublierais ce repas abominable, que ça l'effacerait de ma mémoire. Mais j'avais compris que, cette fois, cela ne ferait que repousser ce sentiment d'avoir le cœur écrasé. C'était pour cela que j'avais fini par appeler Chad. Il était une bouffée d'air frais sans que je ne perde la tête. De plus, je savais qu'il ne me poserait pas de question et j'avais eu raison. Il avait juste été là. Et contre toute attente, chez lui, entourée de sa famille, j'avais réussi à me sentir bien quelques heures, et à vraiment oublier la dissolution de la mienne. Enfin presque, parce que l'image de ma mère m'avait hanté dès lors que j'avais croisé le regard de Mme Sayad. La façon dont elle se comportait avec ses enfants me rappelait à quel point ma mère me manquait et que je ne pouvais rien faire pour ne plus ressentir cette rancœur envers elle. Mais surtout, elle me rappelait que la veille, je l'avais fait pleurer. J'avais provoqué ses larmes... Ce n'était pas la première fois pourtant, mais là, ça m'avait touché plus que d'habitude. Comme si je l'avais poignardé de ma propre main.

Je massais mes tempes. Il ne fallait pas oublier ce qu'elle nous avait fait. Qu'elle nous avait tous trahis et abandonnés.

J'entrai donc chez moi et je ne fus pas surprise de voir mon père et Livia assis sur le canapé du séjour, regardant tous deux dans ma direction. Ils avaient l'air tous les deux fatigués malgré leur contenance habituelle.

— Salut, dis-je en posant mon sac près de la table basse.

Je m'assis en face d'eux, sur un fauteuil. Livia prit une grande inspiration, ne cachant pas son soulagement.

— On a cru que tu étais partie je ne sais où.

— Peu importe, ajouta mon père. Le principal, c'est que tu sois là.

Je m'étonnais qu'il ne soit pas à l'hôtel. S'était-il autant inquiété pour moi pour laisser les commandes à ses employés, aujourd'hui ? C'était vraiment étonnant de sa part !

— Même Ali ne savait pas où tu étais, me fit remarquer Livia.

Je comprenais mieux pourquoi ma meilleure amie avait aussi tenté de m'appeler à de nombreuses reprises. Le souci, c'était que je n'avais pas eu le courage de parler à quiconque, et elle n'avait pas fait exception.

— J'étais chez un ami. Tout va bien, les rassurai-je. Et si vous n'y voyez aucune objection, je vais monter dans ma chambre.

Ils ne répondirent rien et je récupérai mon sac avant de sortir du salon. Je m'attendais à ce que mon père me passe un savon, mais il avait été curieusement silencieux...

Une fois dans ma chambre, je jetai mon sac au pied de mon lit et me couchai dessus lourdement. Je me mis ensuite à fixer le plafond alors que les images du dîner se mêlaient à ma soirée chez Chad. Tout avait été un tourbillon d'émotions si bien que je ne savais plus quoi ressentir. J'avais juste l'impression d'être vidée.

Au bout d'un moment, j'avais fini par fermer les yeux, épuisée, repensant à Mme Sayad qui amenait ce gâteau fait à la dernière minute. Cette femme était tout simplement un ange. Elle voulait absolument marquer l'événement comme si c'était important, comme si, moi, j'étais importante. Ça m'avait tellement touché...

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant