Perte de contrôle

Chapitre 11

-Chad-

J'avais su que cette journée serait une galère au moment où j'ouvrais les yeux ce matin, puisque je devais me rendre à ce fichu stage qui m'empêchait de rester avec ma mère. Tout ce que j'avais eu avec elle, c'était la petite heure de midi ! Au moins, ça m'avait permis de me rassurer en constatant qu'elle allait bien. Enfin, "bien" vu son état, je veux dire. De toute façon, je n'aurais pas pu sécher puisque ma mère avait beaucoup insisté pour que j'y retourne. Elle savait que ce stage me tenait à cœur et semblait tellement heureuse que j'ai pu l'intégrer que je ne pouvais pas la décevoir en le perdant. Maintenant, je devais aller travailler et j'étais loin d'être ravi. Mais, avant, il fallait que je rende les habits à Bastien.

Et puis, quand je la vis, elle, perchée au sommet des escaliers, je compris que ma journée n'allait pas s'améliorer. Bien au contraire.

Elle me regardait froidement, les sourcils froncés, dans son tailleur qui lui donnait un air professionnel. C'était plutôt amusant ; Elsa n'était pas du tout professionnelle. Elle semblait toujours vouloir s'amuser et, en croisant à nouveau son regard glacial, je dirais qu'elle semblait toujours vouloir chercher les embrouilles, aussi !

Même si je mourais d'envie de lui envoyer une réplique cinglante, je décidai au dernier moment de l'ignorer. Je ne voulais pas perdre mon temps avec elle et, en plus, je n'avais pas du tout la tête à ça. Malheureusement, mes efforts furent vains car au moment où je m'apprêtais à la dépasser, elle se posta devant moi :

— En fait, t'es qu'un gros connard !

Me taire et poursuivre mon chemin ou lui faire comprendre que je n'étais pas une personne qui se laissait marcher sur les pieds par des meufs superficielles qui se croyaient au-dessus de tout ? Mon instinct choisit la deuxième option.

— Oh, tu te prends pour qui ? T'as que ça à faire d'emmerder les gens ? Allerz, bouge de là avant que je ne m'énerve pour de bon !

Quoi ? C'était tout ce dont j'étais capable ? J'avais pourtant une horde d'insultes qui défilaient dans ma tête mais... me rabaisser à ça, serait rentrer dans son jeu.

— Pourquoi t'as fait ça ? me demanda-t-elle sèchement.

— Quoi ? Qu'est-ce j'ai pu faire pour contrarier la princesse ?

Elle me fusilla du regard avant de me répondre :

— T'as tout balancé !

De quoi me parlait-elle ? Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre. Merde, j'allais arriver en retard en étant sur les lieux ! Ce n'était pas très malin, surtout que M. Gordon n'était pas très patient.

— Je ne sais absolument pas de quoi tu me parles mais j'ai pas ton temps. Et, je sais que ça peut te surprendre, mais j'ai une vie en dehors de toi et tes conneries. Merci de bien vouloir vous décaler, princesse.

Je souris d'un air narquois et voulus la contourner par la droite avant qu'elle ne se décale pour m'en empêcher.

— Tu l'as dit à mon père et tout le monde est au courant pour...

Elle regardait autour d'elle comme si quelqu'un nous espionnait. Ça a dû bien la décevoir en voyant que les gens vaquaient à leurs occupations et qu'ils ne s'intéressaient pas à elle !

— Hostin, souffla-t-elle.

Je soupirai légèrement agacé, maintenant.

— Je n'ai rien dit à ton père et, si tu fais allusion à ces rumeurs, dis-je en faisant des guillemets avec mes doigts sur ce dernier mot, je n'y suis pour rien. Ta réputation te précède. Donc maintenant, si tu veux bien...