Chapitre 29

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-Elsa-

Cela faisait bien une semaine que j'attendais ce jour ! Enfin, j'allais avoir des informations sur ce Julien ! Au fond, je savais que je ne pouvais pas me tromper. Mon instinct m'avait toujours assez bien guidé. Pourtant, pour Ali, j'espérais que cette fois-ci je me trompais.

Pour ne pas être dérangés, et surtout pouvoir parler sans être gênés par le brouhaha de la cafétéria, je nous avais conduits dans la salle piano. Comme on ne l'ouvrait jamais et que les volets étaient presque totalement fermés, la pièce était, comme souvent, plongée dans le noir. Seuls quelques rayons de soleil traversaient les volets et laissaient transparaître des petites particules dansées autour de nous.

Je refermai la porte derrière moi et mon réflexe fut d'aller m'asseoir sur le banc du piano. Quelque chose me disait que je n'allais pas apprécier ce que Chad allait m'apprendre.

Celui-ci ne semblait pas concerné par la situation. Au contraire, son visage était détendu et sa démarche nonchalante. Après tout, il se fichait bien que ma meilleure amie se soit laissé engrener par ce sale type. Je me demandais encore pourquoi il avait voulu m'aider, d'ailleurs...

Alors qu'il s'appuyait sur le piano, je faillis me laisser perdre dans son regard si clair avant de me ressaisir brutalement. Je ne devais pas me laisser distraire !

— Alors ? lançai-je froidement, sans que je ne le veuille vraiment.

Il battit des paupières comme se réveillant soudainement, et ses yeux s'écartèrent des miens.

— T'avais raison. Ce mec est louche, et j'ai pu découvrir ce qu'il trafique. En plus, il ne s'appelle pas Julien mais Hasan.

Je déglutis difficilement. Eh merde ! J'avais raison ! Évidemment, j'étais très déçue pour Ali...

— C'était quoi alors, son plan ? voulus-je savoir.

— Lui détourner un max de thunes avant de se faire la malle.

Pendant un instant, je n'entendais que ma respiration et les mots de Chad qui se répétaient dans ma tête. Puis, tout d'un coup, mon poing s'abattit sur les touches du piano, rompant le lourd silence qui venait de s'installer.

— Je l'avais prévenu, putain ! m'écriai-je, hors de moi.

Chad me regardait comme avec curiosité. Quoi ? Je n'avais pas le droit de m'énerver ? Il se redressa et plongea ses mains dans les poches avant de faire le tour du piano.

— T'as juste à lui dire et...

Il s'assit à côté de moi, me déstabilisant totalement. Tout à coup, tout mon corps ne répondait plus à mon cerveau. Je ne pouvais pas bouger d'un pouce !

— L'histoire sera terminée, finit-il.

Je détournai mes yeux des siens. Il me semblait qu'il était vraiment sincère en disant cela, mais il était loin du compte. Alison ne me croira jamais. Et même si je réussissais à la convaincre, cela la blessera profondément.

— Elle l'aime, soufflai-je en contemplant les touches noires et blanches. Comment je vais pouvoir lui dire ?

Je sentais presque son souffle sur mon visage tant j'avais l'impression qu'il était près de moi. M'en apercevant, le battement de mon cœur devint plus rapide, plus intense...

— Et pourtant, il faut que tu fasses quelque chose avant qu'elle se fasse en plus plumer.

— Je sais, admis-je. Mais tu vois, il lui fait vivre un conte de fées. Il alimente ses rêves chaque nuit... Un jour, elle m'a dit qu'elle avait l'impression de voler à ses côtés. Plus fleur bleue qu'Alison, tu fais pas...

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant