Chapitre 36

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-Chad-

Je n'arrivais pas à me défaire de cette expression. Elle était totalement effrayée et paniquée. J'avais vu dans ses yeux sa volonté de fuir, poussée par une crainte profonde. Bon sang, je n'aurais pas dû la laisser comme ça ! J'aurais dû m'assurer que tout irait bien pour elle. D'un autre côté, c'était sa famille qu'elle retrouvait. Ce n'était pas comme si je la laissais entre les mains d'un monstre. Et puis, peut-être avait-elle exagéré. Qu'elle avait peur de la réaction de son père, puisqu'elle avait fait le mur la veille. Où serait-ce cette histoire avec sa sœur ? C'était sûrement cette femme que j'avais vue aux côtés de son père. Elle m'avait déjà parlé d'elle de façon complément anodine, mais au vu de sa réaction, il s'était passé quelque chose de grave entre elles. Et maintenant que j'y pensais, c'était sûrement elle, qu'Elsa voulait fuir.

— Chad, tout va bien ?

Je levai la tête vers ma mère. Elle était assise en face de moi, me fixant. Depuis qu'on mangeait autour de cette table, personne n'avait parlé jusqu'à maintenant. C'était tout de suite plus calme quand Ness' était chez une copine. Je piquai mes pâtes avec ma fourchette en lui souriant.

— Ouais, j'étais juste dans mes pensées, répondis-je.

Elle posa sa fourchette à côté de son assiette vide.

— À quoi tu pensais, mon garçon ?

J'avalai mes pâtes tranquillement avant de répondre :

— Euh... rien.

Elle soupira tristement. Les traits de son visage s'affaissèrent et lui donnèrent un coup de vieux instantanément.

— Ce serait plus facile pour toi, si ton père était encore avec nous. Tu lui parlais plus facilement.

Mon cœur se resserra.

— Maman... Ça va, je te le promets ! Ça n'a rien à voir avec moi.

— Quelqu'un a des ennuis ? Nadia ? s'inquiéta-t-elle.

— Non, non, ce n'est pas elle. Juste une personne que je ne connais pas beaucoup. Je ne devrais pas m'en mêler.

— Sûrement pas, confirma ma mère avant de plonger dans mon regard. Sauf si cette personne mérite que tu t'en mêles.

Je grattai mon début de barbe nerveusement.

— Je ne la connais pas depuis longtemps. Ce ne sont pas mes affaires.

Voyant que j'avais fini de manger, elle attrapa mon assiette et la mit par-dessus la sienne.

— Parfois, on s'attache aux personnes plus vite que l'on pense, dit-elle en rassemblant les couverts.

— Oui mais même, je crois qu'il s'agit d'une histoire de famille.

Ma mère posa les couverts sur les assiettes empilées, et se leva avec le tout entre les mains.

— Il y a de nombreuses façons d'aider une personne, Chad. Soit juste là quand il faut, écoute-la et essaie de la conseiller. Crois-moi, c'est le mieux que tu puisses faire dans certaines situations.

Je lui souris. Elle savait toujours ce qu'il fallait dire.

— C'est vrai, maman. Mais, je suis le genre à agir.

Cette fois, c'est elle qui me sourit. Un sourire nostalgique qui m'enveloppa tout entier.

— Je sais. Tu es comme ton père.

Je me levai et pris les assiettes de ses mains, le cœur lourd, avant de les mettre dans le levier de la cuisine. Mon père avait refait tout l'appartement, et je me souvenais qu'il avait commencé par la cuisine. Ce n'était pas la plus belle, mais au moins elle était équipée et elle était neuve. J'avais l'impression que l'odeur de la peinture flottait encore dans l'air.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant