Perte de contrôle

Chapitre 22

-Elsa-

Qu'est-ce qui lui prenait autant de temps pour venir à ce chauffeur à la noix ! Son boulot, c'était juste de venir me récupérer pour m'emmener à la gare, ce n'était pas si compliqué ! Encore cinq minutes de plus et pôle emploi lui pendra au nez !

Mon agacement s'amplifia d'un cran en voyant Chad sur le point de monter dans cette voiture. Même lui avait trouvé un moyen de rentrer !

Et puis, étrangement, il ne monta pas et je le voyais maintenant avancer vers moi avec une expression vide. Qu'est-ce qu'il voulait, au juste ? Il m'avait balancé des mots remplis de venin et le voilà qui s'asseyait à côté de moi, comme si de rien n'était !

Il était le seul à avoir vu mes larmes. Il était le seul à m'avoir vu aussi bas lorsque j'étais à la piscine, lorsque j'avais perdu le contrôle. Et pourtant, il pensait que je jouais un rôle. Il pensait que je faisais ça juste pour attirer l'attention. Mais il ne savait rien. Rien du tout. Comme tout le monde.

Je tournai les yeux alors qu'il se mit à fouiller dans son sac.

— On fait la paix ? souffla-t-il en me tendant une barre de chocolat.

Je ne répondis pas. Peut-être bien que j'avais un petit creux mais plutôt mourir que d'accepter sa barre de chocolat !

— Bon, comme tu veux.

J'entendis le froissement de l'emballage m'indiquant qu'il s'était décidé de le manger tout seul, son chocolat.

— Huuuumm, délicieux ! me nargua-t-il.

Je serrai les dents en sentant le chocolat. Je l'entendis alors croquer et mon ventre grogna. Oh, mon dieu, si ce n'était pas la honte du siècle, ça ! Chad éclata alors de rire et un sourire voulait se former sur mon visage. Il en était hors de question ! Je ne devais pas rire avec cet abruti.

— Allez, tiens, insista-t-il.

Il sortit une autre barre de chocolat de son sac.

— Pourquoi tu n'es pas parti ? lançai-je, sur les nerfs.

Il se figea quelques secondes avant de se reprendre.

— Tu m'as demandé de ne pas te laisser seule sur ce parking, non ?... souffla-t-il.

Ça, c'était en pleine nuit, sous un orage, avec un drôle de type qui travaillait dans cette station-service flippante.

— Tu n'es pas obligé.

— Je sais, concéda-t-il en me tendant la barre de chocolat.

J'hésitai puis je finis par la prendre en sentant mon ventre se tordre. J'en avalai un morceau. Oh, mon dieu, je n'aurais jamais cru que le chocolat me ferait un tel effet. C'était tout simplement somptueux.

— Ça doit être le dernier repas que je mange dehors.

Il haussa un sourcil d'incompréhension alors je poursuis :

— Mon père va sûrement me séquestrer chez moi à triple tour.

— On ne dit pas plutôt "à double tour" ?

— Oui, mais c'est mon père, ça ne lui suffira pas, deux tours !

Il sourit puis son visage s'assombrit.

— Désolé pour la voiture. J'étais certain d'avoir fermé.

La dernière bouchée passa de travers. Je me sentais mal car je savais que ce n'était pas de sa faute. Mon père avait envoyé quelqu'un pour venir récupérer la voiture et avait décidé de commencer à me punir en me laissant ici. Dire que je lui avais reproché toutes ces choses tout à l'heure... C'était vraiment injuste mais j'avais vraiment paniqué !