Chapitre 44

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-Elsa-

Je ne doutais pas de mon talent. Mon grand-père m'avait toujours répété que j'en avais, donc je le savais. Cependant, le savoir était une chose, mais le voir et l'entendre en était une autre. Après avoir joué la dernière note, j'avais levé les yeux, et j'étais complètement stupéfaite de découvrir toute la salle debout, m'applaudissant de longues minutes. Tous les projeteurs étaient braqués sur moi et, il fallait le dire, j'aimais ça. J'aimais qu'on me voit, qu'on apprécie ce que je fais, surtout lorsqu'il était question de piano.

Alors que j'étais de retour à ma place, les compliments ne tarissaient pas à mon égard, autant provenant de ma table que celle des autres. Il fallait l'avouer, le cadeau de Livia était de loin le plus beau que l'on ne m'avait jamais offert ! Après le piano de mon grand-père, en fait. N'empêche, j'étais sur un petit nuage que même la présence de Stefan ne pouvait rien n'y faire. J'essayais de ne pas faire attention à lui. J'espérais même qu'il se sente exclu et qu'il finisse par se barrer pour nous laisser entre nous, juste avec ma famille et mes amis. D'ailleurs, j'avais senti les yeux de Cameron et d'Aaron qui ne me lâchaient pas depuis que j'étais sur cette estrade, ou même depuis que j'étais au restaurant, en fait !

À cet instant, je ne pouvais que me sentir à mon apogée, comme une star qui venait de faire un show des plus spectaculaires. Je me sentais si allègre, si légère, mais la soirée n'était pas terminée, et elle allait très vite déraper.

Ma mère attrapa soudainement son verre et le leva, entraînant tout le monde dans son geste.

— Au talent de ma petite fille, dit-elle, les yeux pétillants.

On tinta nos verres puis elle ajouta :

— J'espère que tu t'es rendu compte que ta place était dans un conservatoire.

Mon père émit un rire rauque.

— Elsa est très douée, c'est vrai, mais ce n'est pas ça qui va lui apporter ce dont elle a besoin, rétorqua-t-il.

— Et qu'en sais-tu ? lui retourna brusquement ma mère.

Tout d'un coup, il me semblait qu'il n'y avait plus que notre table dans la salle. L'ambiance si enjouée était vite devenue froide. Il avait suffi qu'ils s'adressent la parole.

— Ce n'est pas parce que, toi, tu apprécies ta nouvelle vie de bohème, que je vais te laisser entraîner ma fille dans ces bêtises !

— Ma vie de bohème ? répéta ma mère, incrédule. Je vis très bien !

— Évidemment, que tu vis très bien puisque ton père t'a fait hériter de sa fortune. Ce n'est pas ce clown qui allait...

— Ça suffit ! s'écria ma mère avant de lancer un regard à Stefan.

Ce dernier avait la mâchoire crispée et, cela se voyait à des kilomètres, il était sur le point d'exploser.

— Papa, intervint Livia. Ce n'est pas le moment pour ce genre de... conversation !

Il soupira, puis but plusieurs gorgées de vin d'affilées avant de sourire comme victorieux.

— Oui, nous sommes là pour Elsa, affirma-t-il avant de rire bruyamment. Vous pensez vraiment qu'elle est dupe ?

— Qu'est-ce qu'il a ? me souffla Liam, étonné par l'attitude de mon père.

J'étais trop perturbée par ce que mon père venait de dire pour lui répondre. Mes yeux étaient rivés sur lui, attendant qu'il se justifie et cela ne tarda pas :

— Elle sait très bien que tu vas repartir, Vanessa. Venir pour les grandes occasions pour voir sa fille, et lui mettre des idées absurdes dans la tête, c'est d'un ridicule ! poursuit mon père.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant