Perte de contrôle

Chapitre 45

-Chad-

Ce soir, c'était soirée play entre mecs. J'avais appelé Mourad et Diego pour qu'on puisse se faire des compétitions de FIFA toute la nuit. Diego bouffait des chips sur mon lit, alors que Mourad et moi jouions notre match avec une concentration extrême.

— Ouuuuuuaaaaaiiiiiis ! cria Mourad, alors qu'il tirait au but.

— Eh ben non, hors-jeu, le refroidit Diego, avant de reprendre une poignée de chips. Chad, faut te reprendre, mon gars !

— Ta gueule ! lui lançai-je, les yeux rivés sur la télé.

La porte de ma chambre s'ouvrit et j'entendis la voix de Nesrine :

— Chad ?

Cette soirée était censée être une soirée entre mecs !

— Quoi ? répliquai-je, frustré d'être dérangé.

— Y'a Nadia !

Quoi ? Je fronçai les sourcils. C'était pas prévu ça. Comment ça, y'a Nadia ?

— Salut, tout le monde ! lança cette dernière, depuis le seuil de la porte.

— Salut, vous voulez des chips ? proposa Diego.

— Oui ! s'écria Nesrine.

Je lâchai la télé des yeux et appuyai sur pause.

— Hey ! se plaignit Mourad.

— Deux minutes, lui dis-je.

— J'étais sur le point de gagner !

— C'est ça, ouais !

Nadia rit légèrement, et ce fut à ce moment que Mourad se tourna vers elle.

— Hey, salut ! Je ne me suis pas présenté, Mourad, enchanté, lui dit-il d'une voix qu'il pensait être séducteur.

— Non mais je rêve ! pensai-je à haute voix.

Je me levai et allai vers Nadia qui souriait, amusée.

— T'as pas intérêt à relancer le jeu ! prévins-je Mourad, avant de sortir de la chambre avec Nadia.

Une fois dans la cuisine, pièce la plus éloignée de la chambre de ma mère qui dormait, on resta un moment l'un en face de l'autre sans rien dire. J'étais content de revoir sa tête, mais juste le fait de savoir qu'elle parlait avec Fayçal me dégoûtait trop !

— J'ai encore le droit de venir ? finit-elle par céder.

Le sarcasme dans sa voix me tapa sur les nerfs.

— Tu viens me dire que j'avais raison ?

Elle parut stupéfaite de ma remarque. Ben quoi ? Elle ne pensait tout de même pas que j'avais changé d'avis ?

— T'es sérieux, là ?

— Complètement ! J'espère que tu t'es rendu compte de ta connerie !

Elle passa ses deux mains sur son visage. Ses cheveux étaient attachés en une haute queue de cheval qui s'agitait à chaque fois qu'elle remuait la tête.

— Alors, je récapitule. T'es censé être mon ami, et t'es celui qui me décourage d'aller à la fac au lieu de m'y pousser. Ensuite, je viens quand même te voir parce que, malgré tout, tu restes mon meilleur ami, et tu trouves le moyen de dire que c'est moi qui me suis mal comporté ? Vraiment, Chad ?

— Et c'est quand que tu prends en compte Fayçal dans l'équation ?

— Fayçal, Fayçal, Fayçal ! Change de disque, un peu ! J'ai envie de prendre ma vie en main ! Laisse-le en dehors de ça !