Perte de contrôle

Chapitre 25

-Elsa-

Je repensais au petit entretien que j'avais eu avec mon père. Bon, c'est vrai que je ne m'attendais pas à ce qu'il m'accueille les bras ouverts en me montrant à quel point il était soulagé qu'il ne me soit rien arrivé. Mais, quand même ! Il m'avait bassiné une fois de plus sur mon irresponsabilité et mon indiscipline inégalée. Il avait fait allusion à ce qu'il avait pu rater dans mon éducation et avait même mentionné ma mère, comme si ça pouvait me faire quelque chose ! Évidemment, il avait vu Chad sur les vidéos de surveillance et avait menacé de le renvoyer sans attendre. Malgré que je lui en veuille de m'avoir rejeté comme une vieille chaussette, je m'étais sentie obligé de le défendre. C'était assez étrange, d'ailleurs, que je ne me laisse pas aller à ma petite vengeance en laissant mon père le virer...

Lorsque je sentis une chaleur sur mon ventre, je me revins à la réalité. J'étais dans la chambre d'Alexis et, plus précisément, sur son lit. Il venait tout juste de me rejoindre. Un sourire aux lèvres, il plongea sa tête au creux de mon cou et se mit à y déposer des légers baisers tout en remontant sa main sous mon t-shirt. Je me laissais faire sans vraiment réagir. Si j'étais venue jusqu'ici, c'était pour ça. Pour ressentir l'attraction que j'avais sur certains hommes. Un bon paquet d'hommes, sans vouloir me vanter. Et pourtant, maintenant que j'étais dans cette petite pièce, je me sentais juste oppressée entre ses quatre murs. 

Le pire dans tout ça, c'était que je n'arrêtais pas de repenser à ce baiser avec Chad. Il me l'avait rendu donc il avait apprécié ! J'étais sûre de ça. Mais il m'avait repoussé ! Frustrée, et souhaitant ne plus y penser, je glissai mes mains sous le t-shirt d'Alexis et collai mes lèvres aux siennes. Je me foutais bien de Chad, de toute façon, je pouvais avoir qui je voulais, moi ! Et pourtant, lorsqu'Alexis m'enjamba en retirant son t-shirt, se retrouvant ainsi au-dessus de moi torse nu, je le repoussai alors qu'il tentait de soulever mon haut. Je devais me rendre à l'évidence, ce crétin n'allait pas réussir à me faire oublier le râteau que j'avais pris, parce que oui, il s'agissait véritablement d'un râteau. Même si j'avais du mal à l'accepter.

— Qu'est-ce qu'il y'a ? souffla Alexis avant d'essayer de m'embrasser à nouveau.

J'essayai de faire abstraction de ma frustration et lui donnait une seconde chance mais ses baisers ne me firent aucun effet. Je le repoussai à nouveau et il me regarda, comme exaspéré par mon attitude.

— Bouge de là, lançai-je.

— Quoi ?

Il ne comprenait pas le français ou quoi ?

— T'es bouché ? Dégage !

— Mais...

C'est bon, il me soulait.

— Y' a pas de « mais », rhabille-toi et fais ton job.

Il se redressa et fronça légèrement les sourcils, à la fois contrarié et étonné.

— C'est toi qui as voulu venir chez moi, me fit-il remarquer.

— Et c'est moi qui veux repartir.

Il souffla et se leva avant d'enfiler brusquement son haut.

Je me levai à mon tour et sortis de la chambre, suivie par un Alexis boudeur. Qu'est-ce que ça pouvait bien me faire qu'il n'apprécie pas mon attitude, de toute façon ? Il n'était qu'un simple employé, rien de plus. Quelqu'un que mon père avait payé donc je pouvais bien en faire ce je que j'en voulais.

On descendit rapidement les escaliers de son hall d'immeuble et en sortit. Arrivés devant la 4x4 noire, il m'ouvrit la portière arrière. Bon, il était un peu en colère, apparemment. D'habitude, je m'asseyais à côté de lui mais il semblait ne pas vouloir me parler. Je m'installai sur le siège et ce fut à ce moment-là que je commençai à appréhender les choses. Je ne voulais pas aller dans ce quartier. Et, surtout, je n'avais pas envie de le revoir, lui, et encore moins pour lui rendre service.