Perte de contrôle

Chapitre 31

-Elsa-

Plus les paroles passaient, plus je pensais qu'il avait fait exprès de me suggérer cette chanson pour me faire passer un message. "La vie en rêve" de Kery James parlait de superficialités et d'apparences. C'était donc comme ça qu'il me voyait ? Comme une personne qui se cachait derrière le maquillage et l'argent ?

J'éteignis ma tablette et m'étalai sur mon lit. Je ne comprenais pas ce type ! D'un côté, il me trouvait superficielle, fille à papa et agaçante. Et, d'un autre, il ne pouvait pas s'empêcher d'être gentil ! Pourquoi se forçait-il si après il devenait distant ?

Je repensai au trajet de retour jusqu'à l'hôtel, après notre petite visite de chez Hasan ou Julien ou je ne sais comment on devait l'appeler. Chad était devenu froid et ne m'avait pas beaucoup adressé la parole. On s'était contentés d'écouter de la musique, lui fixant la route, moi cogitant sur mon plan.

J'espérais d'ailleurs qu'il marcherait comme je le voulais. J'espérais que petit à petit Alison lâche Julien (enfin Hasan) et qu'elle n'en souffre pas. Peut-être que je devais lui chercher un autre prétendant...

Je défilai tous les garçons qui pourraient faire l'affaire dans ma tête, quand j'entendis mon portable sonner. J'y jetais un coup d'œil, il s'agissait d'Aaron. Je me levai vivement et courus pour ouvrir la fenêtre. Aaron m'attendait en bas, comme convenu, un sourire étincelant sur le visage. Mon père ne devait pas savoir que je sortais, alors on devait éviter la porte d'entrée.

— Pile à l'heure ! me réjouis-je.

Sous la lumière de ma chambre, je le vis sourire un peu plus, apparemment fier de lui. Alison apparut alors à côté de lui. Tout comme Aaron, elle s'était apprêtée pour l'occasion. Je ne voyais pas très bien les couleurs, puisque le soleil venait de se coucher, mais je pus distinguer que lui, portait un pantalon noir et une chemise blanche. Quant à Alison, elle avait enfilé une robe, qui me semblait être rose saumon, lui allant magnifiquement bien au corps.

— Elsa, t'es sûre de toi ? me demanda-t-elle pour la millième fois de la journée.

— Oui ! Aaron va chercher l'échelle, s'il te plaît.

— D'accord. Je reviens ! accepta ce dernier.

Aaron partit donc dans le jardin, laissant Alison seule au bas de ma fenêtre.

— T'inquiète pas, j'ai fait ça une centaine de fois avec Livia !

Enfin, Livia l'avait fait des centaines de fois. Elle avait l'habitude de monter aux arbres à l'aide de l'échelle. La seule fois où j'avais essayé, j'avais cru que je ne redescendrais plus jamais et j'avais même imaginé ma vie dans cet arbre ! J'étais allée jusqu'à imaginer un petit panier que je pouvais faire glisser à l'aide d'une corde pour qu'on me fasse parvenir la nourriture !  Heureusement, Livia m'avait rassuré et m'avait aidé à descendre. Mais elle n'était plus là depuis longtemps. De toute façon, je n'avais plus besoin d'elle.

Rapidement, Aaron réapparut en titubant avec l'échelle et la plaça sous la fenêtre.

— Ne t'en fais pas, me dit-il d'un air rempli de bravoure. Si tu tombes, je te rattraperai.

Je vis Ali lever les yeux au ciel et je me retins de ne pas éclater de rire. Il était ridicule dans le rôle du chevalier servant !

Je me tournai à nouveau vers ma chambre et allais récupérer mon sac à main sur mon lit, sans m'empêcher de jeter un coup d'œil au miroir.

J'avais vêtu une robe grise claire que j'avais accessoirisée d'un gros diamant transparent en guise de collier. Je relevai mes yeux assombris par le mascara vers mon visage, et ajoutai un peu de rouge à lèvres vif sur mes lèvres. Après avoir rangé à nouveau le tube dans mon sac, je me dirigeai vers la fenêtre.