Chapitre 47

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-Chad-

Soûlée par cette confrontation avec Nadia, je me rendis dans la chambre. Nesrine et Elsa étaient assises sur mon lit, et Mourad et Diego continuaient à jouer en échangeant des imbécillités, pour pas changer. D'un pas traînant, j'allais m'asseoir à côté de ma petite sœur.

— Elle est où, Nadia ? remarqua-t-elle.

— Elle est rentrée, marmonnai-je.

Elsa me scrutait comme si elle me sondait. Je l'avais emmenée ici pour qu'elle se change les idées, et voilà que c'était moi qui devenais d'humeur maussade. Ce n'était pas le moment ! Bon allez, Chad ! Je lui souris et m'adressai aux garçons :

— Bon, quand est-ce que c'est à mon tour ?

— Quand j'aurai donné une bonne raclée à Diego ! déclara Mourad.

Ce dernier s'esclaffa puis demanda des chips que Nesrine lui apporta.

— Merci, t'es une très bonne assistante ! lui dit-il.

— Oui, ben j'espère que tu vas me payer ! Je travaille pas gratuitement, moi ! répliqua Nesrine.

Mourad rit au point de presque tomber de sa chaise. Il avait vraiment un rire de gorille, celui-là. Diego, amusé, sortit son portefeuille et tendit un billet de cinq à Nesrine.

— Non, mais ça va pas ! m'étranglai-je.

Il n'était pas sérieux ! Il n'allait pas vraiment payer ma sœur !

— Non, non, elle a raison, rit Diego.

— Merci Diego ! remercia Nesrine avant de lui faire un bisou sur la joue qu'il lui tendait.

Je levai les yeux au ciel. Tout le monde la gâtait, juste parce qu'elle était mignonne.

— Moi aussi, je veux bien te donner des chips, dit Mourad d'une voix mielleuse.

— Rêve ! le contra Diego en faisant mine d'être apeuré.

Nesrine revint vers nous, fière d'elle.

— C'est trop cool, t'as vu ? dit-elle à Elsa.

Elsa lui sourit. Ça devait lui paraître bien dérisoire, ces cinq euros.

— Oui, c'est génial. Tu vas acheter quoi, avec tout cet argent ?

Elle avait une manière de parler aux enfants toute douce, bien différente de ce qu'on avait l'habitude d'entendre.

— Je sais pas encore, répondit Ness' en fixant son billet d'un air songeur.

— Ouiiiiii ! s'exclama soudain Diego en sautant de sa chaise.

Il avait l'air d'un géant par rapport à la petite chaise de Nesrine. Mourad lança la manette sur le bureau.

— C'est bon, j'en ai marre de toute façon. J'ai trop gagné de matchs, j'en peux plus !

— C'est ça, ouais ! Allez, viens par-là, Chad ! lança Diego.

Entendant un brin de défi dans le son de sa voix, je pris la place de Mourad et me confrontai à Diego. On y passa les deux heures suivantes, riant et grognant lorsque l'on perdait, s'insultant de temps à autre, discutant de filles (principal sujet de Mourad) et de voitures. Je n'avais pas trop fait attention à Elsa qui n'intervenait pas beaucoup. Elle se contentait d'écouter et de sourire de temps à autre. Ah oui, et surtout de supporter Nesrine qui lui racontait ces histoires de gamine. C'était tout à fait dans mon plan. Je savais qu'Elsa était le genre à vouloir oublier ses problèmes, vu sa fichue manie d'aller se chercher sa bouteille à chaque fois que ça n'allait pas. Je faisais la même chose, mais de manière plus saine. Enfin, j'espérais que ça marche, qu'elle ne pensait plus à ce qui la troublait ce soir.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant