Perte de contrôle

Chapitre 40

-Elsa-

Je me réveillai le corps courbaturé. Merde, où est-ce que j'étais ? L'ampoule au-dessus de ma tête brillait et éclairait mes habits rangés tout autour de moi. Ah oui, j'étais dans le dressing... Je m'étais endormie à même le sol, la doudoune de Livia sur moi.

Le cœur lourd, alors que je me souvenais petit à petit de la veille, je me levai et regardai l'horloge en forme de lèvre au-dessus de mon lit. C'était déjà l'après-midi. Cela ne m'étonnait pas, puisque j'avais eu un sommeil agité. Je m'étais réveillée presque toutes les heures, le souffle court.

D'un pas lent, je sortis de ma chambre, m'étonnant que mon père ne soit pas venu me réveiller, et je retrouverai Gabriella dans la cuisine.

— Oulah, mal dormi ? s'inquiéta-t-elle.

— Plutôt, oui, marmonnai-je en m'asseyant au bar, me rappelant ainsi de la conversation de la veille avec Livia.

— Je vous prépare un thé ?

Je hochai la tête sans rien ajouter. Elle savait quel arôme je voulais, à savoir : fruits rouges.

— Vous n'enlevez pas votre veste ?

Malgré la chaleur de l'été qui entrait lourdement dans la cuisine, je n'avais pas envie de l'enlever. C'était plutôt bizarre.

Pendant qu'elle s'occupait de mon thé, mon regard se perdit sur la pelouse verte, derrière la baie vitrée. Je ne regardais pas vraiment l'herbe, mon esprit était simplement vidé. J'avais l'impression que ma tête avait pris du volume. Pire que si j'avais trop bu. D'ailleurs, c'est ce que j'aurais dû faire !

— Mademoiselle ! Mademoiselle ! m'appela Gabriella. Votre thé est prêt.

J'enroulai mes doigts autour de la tasse et la chaleur me brûla la peau. Il faisait déjà bien chaud, mais le thé avait le pouvoir de calmer mes nerfs, tant pis si je brûlais de l'intérieur.

En fait, je brûlais déjà de l'intérieur par un feu appelé "culpabilité". J'essayais de ne pas penser à Livia et son histoire complètement dingue mais, hélas, cela tournait en rond dans ma tête.

— Mon père est parti au travail ? voulus-je savoir.

— Oui.

— Et... Livia ? Où est-elle ?

— Elle est quelque part dans la maison.

Elle haussa les épaules, ne pouvant pas être plus précise, et contourna le bar avant de s'approcher de moi. Elle avait toujours cette odeur d'adoucissant sur ces vêtements, c'était agréable...

— Je vais faire le ménage dans la maison. Est-ce que ça va aller, pour vous ?

Je me forçai à sourire.

— Oui, ne t'en fais pas. Pourquoi ça n'irait pas ?

Elle acquiesça et s'apprêtait s'en aller, mais je ne pus m'empêcher de lui poser une question :

-T'es au courant pour Livia ?

Je savais qu'on pouvait tout lui confier parce qu'elle était une vraie tombe. Du coup, je pensais que Livia avait pu lui parler de son histoire.

— Oui, j'étais avec elle.

Je me levai du tabouret, manquant de renverser la tasse au passage.

— T'étais avec elle ? répétai-je, éberluée.

Elle hocha tristement la tête.

— Quand votre père a su ce qu'il se passait, il m'a envoyé dans cette maison de repos pour prendre soin d'elle.