Chapitre 19

4.7K 310 8
                                    

-Chad-

Elle était là en face de moi avec pour seul habit mon sweat qui ne cachait en rien ses longues jambes. Même si elle avait l'air ridicule enroulée comme un esquinau, j'avais l'envie irrésistible de l'étreindre. Voire plus, si je voulais être honnête avec moi-même. Pourtant, je me résolus qu'à ne rabaisser la capuche sur sa tête. Heureusement, il n'y avait pas de miroir parce qu'avec sa dégaine et son mascara qui avait coulé, elle en aurait piqué une crise. Le pire dans cette étrange situation, c'était que je commençais à m'habituer à son sale caractère et que, en fait, c'était peut-être ça le pire finalement, je la trouvais quand même séduisante à ces moments-là. Ses crises de petite bourge en manque de luxe faisaient partie d'elle, même si cela m'agaçait.

J'étais à présent assis par terre, contre le lit, je sentais son souffle sur mon épaule. Ce simple contact me donnait envie de me retourner vers elle et... Et quoi, au juste ? Reprends-toi, Chad !

Allongée sur le lit, je crois qu'Elsa n'osait pas bouger tant elle trouvait que c'était dégoûtant. Je ne pouvais pas l'en blâmer, cet hôtel était vraiment crasseux et l'idée que des insectes se baladaient dans ma chambre ne m'enchantait guère, moi non plus. J'avais vraiment hâte de rentrer et de me coucher dans mon lit.

D'ailleurs, ma mère devait être rentrée chez moi, à l'heure qu'il est. J'étais vraiment déçu de ne pas avoir été là pour l'accueillir, et encore plus de ne pas pouvoir rentrer. Et puis, j'allais devoir lui rendre des comptes à mon arrivée. Qu'allais-je pouvoir raconter ? Que j'avais passé la nuit avec Elsa parce que la voiture de M. Saphyr, qu'on avait emprunté légèrement sans sa permission, était tombée en panne ?

— T'es vraiment quelqu'un de sympa... lâcha soudainement Elsa, rompant ainsi le son régulier de la pluie sur les battants de la fenêtre.

— Parce que je t'ai laissé le lit ? Franchement, ne t'inquiète pas pour ça.

— Oui, pour ça aussi, mais surtout parce que j'ai été... un peu désagréable, dans la voiture.

— C'est bien que tu t'en rendes compte, lançai-je avec sarcasme.

J'étais prêt à parier qu'elle levait les yeux au ciel.

— Ce que... Ce que je veux dire, c'est que malgré tout, t'es gentil avec moi. Et je ne comprends pas...

— Les gens se contentent de dire "merci", habituellement.

— Je ne suis pas comme tous les gens.

Je sentis mes lèvres s'étirer légèrement. Ça oui, elle était tout sauf comme tout le monde.

— Quand je t'ai entendu crier, je me suis senti obligé de te porter secours.

— Comme un chevalier servant, rit-elle.

Je secouai la tête.

— T'aimes vraiment avoir des gens sous tes ordres.

— C'est assez jouissif, je l'admets. Dommage qu'on ne soit plus à cette époque...

Je ricanai.

— Tu rêves, je n'aurais jamais été sous tes ordres, Princesse.

— On aurait fait que de se disputer.

Je ris à nouveau. Sans la voir, je sentais que ça l'amusait, cette histoire de princesses et de chevaliers, et ça me faisait plaisir qu'elle le soit. C'était vraiment tordu dans ma tête...

— Je suis désolée de t'avoir insulté... s'excusa-t-elle d'une voix grave.

Je compris, à l'intonation de sa voix, qu'elle n'avait pas l'habitude.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant