Chapitre 60

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Bonne lecture 😘

-Chad-

Une chose était sûre, c'était que je ne me ferais jamais à ces chaises. Avec le temps qu'on passait ici, ils auraient pu faire un effort pour qu'on soit installé plus confortablement. Quoique, même assis dans un bon fauteuil, je ressentirais toujours cette tension à la base de mon cou qui s'étirait tout le long de ma colonne vertébrale.

La salle d'attente était une petite pièce carrée, inondée par les rayons de soleil qui entraient par la fenêtre. Une table basse noire trônait au milieu des chaises et regorgeait de magazines prévus pour passer le temps. Aucune chance que ça marche, il n'y avait jamais rien d'intéressant. Pourtant, j'en avais pris un et je le feuilletais comme si cela pouvait changer quelque chose. De temps à autre, je levais ma tête pour observer les personnes qui m'entouraient. Il y avait toujours au moins cinq personnes. Lorsque l'une partait, il y avait toujours une autre pour la remplacer. Ça avait l'air interminable ! 

Je soupirai et portai mon attention vers chacune des personnes présentes. Un vieux monsieur dormait à moitié au coin de la pièce, une main sur sa canne. Une dame était venue avec sa petite fille, dix ans tout au plus. Enfin, je supposais que c'était sa fille. Elle avait l'air vraiment pâle, tout cas, et portait un bandage autour de la main. Il y avait aussi ce gosse qui était accompagné d'un homme plutôt élégant. Le petit ne faisait que brailler en courant dans la pièce, et lui ne disait absolument rien. J'avais bien envie de le calmer, moi ! Et enfin, il y avait une jeune fille, debout à côté de la fenêtre, les bras croisés sous sa poitrine. Elle avait enfilé un bonnet sur sa tête dépourvue de cheveux, et fixait les affiches sur les murs. J'évitais de la regarder. Ça m'attristait vraiment que des personnes soient victimes de maladies graves et qui se battent pour vivre. Et surtout, ça me rappelait que ma mère était dans le cabinet du médecin, faisant le point sur son propre combat. Un frisson me parcourut le corps. Un frisson rempli de peur et d'incertitudes. Je ne voulais pas penser à l'avenir, c'était trop douloureux. Pourtant, je ne pus repousser des images de moi, seul. Sans ma mère, sans Ness' et sans Nadia.

Je pris une grande inspiration en me concentrant sur les pages du magazine. Ça parlait d'agriculture, de tomates et d'engrais. Enfin, il me semblait. Le nœud dans mon ventre m'empêchait de me concentrer.

— Chad, on y va.

Ma mère était revenue. Je me levai, reposai le magazine et je ne pus m'empêcher de regarder à nouveau cette fille. Ses grands yeux bleus m'observaient également et j'y distinguai une force incroyable. Je lui souris. Une façon bien maladroite de lui apporter mon soutien. De toute façon, que ferait-elle du soutien d'un inconnu ? Pourtant, elle me rendit mon sourire avant de reporter son attention sur le test visuel au fond de la salle.

Ma mère et moi sortîmes alors de l'hôpital d'un pas rapide. Je voulais absolument quitter cet endroit au plus vite.

— Comment tu vas ?

Ma mère avait été silencieuse jusqu'à maintenant. Mais j'avais besoin de savoir. Son état s'aggravait-il ? Sa frêle silhouette entrait dans la voiture alors que je la contournais pour faire de même. Une fois devant le volant, elle daigna me répondre :

— Tout va bien, ne t'inquiète pas.

Ça, ça m'étonnerait. Pas avec ce long gilet qu'elle avait enfilé alors qu'il faisait vingt-cinq degrés dehors. Je démarrais la voiture en grinçant des dents. Elle ne me dira rien.

Pendant le trajet, elle était comme d'habitude, me parlait de sujets banals. Comme s'il n'y avait pas des choses plus importantes à aborder ! Sa maladie, ces dettes que mon père avait laissées... Mais non, elle me parlait des voisins, des activités que Nesrine faisait au centre, et même d'Elsa ! Je crois qu'elle l'aimait bien. Quelque part, j'en étais heureux, sans vraiment savoir pourquoi. Malheureusement, ces derniers temps, je ne la voyais pas beaucoup. J'avais beaucoup de travail à l'hôtel, et M. Gordon me retenait parfois très tard. La semaine avait été rude. D'autre part, Elsa ne passait plus au bureau à la fin de sa journée, comme elle en avait l'habitude. Mais c'était peut-être mieux ainsi. Je connaissais les sentiments d'Aaron envers elle et les voir ensemble m'énervait vraiment. Pourtant, je n'avais aucune raison pour ça, puisque nous n'étions pas ensemble. Ma relation avec Elsa était plus floue que jamais et elle pouvait, d'un jour à l'autre, aller vers un autre garçon. Cette idée me paralysait presque. Comment peut-on être dans une situation pareille ? Savoir que l'on est attiré par quelqu'un, mais ne pas définir explicitement les choses entre nous ? Clairement, nous ne sortions pas ensemble. Pas après ce qu'elle m'avait dit lundi, au bureau.

Perte de contrôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant