La créature verte et amorphe regardait sa maîtresse avec amour.
Sangaya passait deux doigts dans son unique mèche blonde, satisfaite.
Elle ressentait en cet instant, et ce depuis quelques temps récents l'allégresse inhérente à la résolution d'une profonde injustice.
Le plaisir que seule la douleur infligée à l'ennemi pouvait procurer.
En l'espèce, elle avait bien failli envoyer cette saleté de Fenris au royaume de Lord Saddler, en représailles de la lâche attaque que le discourtois roquet avait effectué à l'encontre de l'inoffensif Hollywood.
Enfin inoffensif...
Ses excréments eux l'étaient nettement moins.
Dans quelques années, lorsqu'il prendrait une couleur violette teintée de losanges noirs, remplacerait sa mèche par une moustache de la même teinte et gagnerait environ un mètre cinquante, il serait à même de se protéger et de contre-attaquer volontairement.
En attendant, c'était à sa propriétaire à la peau dorée de s'en charger.
Elle avait bien failli s'en prendre à Acanthis et Ovia directement, en empoisonnant leur satané thé à la cannelle par exemple.
Toutefois, l'expérience passée au palais lui avait appris que rien ne valait une attaque indirecte et bien placée.
Précisément, bêtes à manger du foin comme ces nobles prétentieuses l'étaient, nul doute que ni l'une ni l'autre ne supposaient que Sangaya la domestique avait délibérément porté atteinte à la vie de Fenris, le medhyèna chromatique de l'une des deux.
Se souvenaient-elles d'ailleurs du tort qu'elles leur avaient causés, au familier et donc par ricochet également à sa maîtresse ?
Néanmoins, tout en gratouillant l'espèce de boule verte et affectueuse posée sur ses genoux, Sangaya se dit que donner de violents maux de ventre à pareille bête n'était décidément pas suffisante.
Que pouvait-elle lui faire de plus et de tout aussi discret ?
Il était fort rare qu'un familier quitte la dimension originelle avant son maître, en temps normal les bestioles s'éteignaient de tristesse avant de retrouver leur propriétaire aux côtés du souverain pontife après la mort du premier.
Cependant, peut-être allait-elle là permettre à ce petit loup gris de déroger à la règle habituelle ?
De toute manière, se disait Sangaya en enroulant son index autour d'une copie miniature de la mèche de Titeuf, la probabilité que pareil acte se produise était si faible que l'évoquer paraîtrait absurde.
Une insignifiante servante telle que cette femme aux cheveux noirs, dotée d'un faible familier tandis que certains se promenaient avec un steelix ou un libégon aurait attenté à la vie de l'animal d'une noble ?
En d'autres circonstances, la future coupable présumée aurait tout autant ri qu'allait le faire Attica si elle allait au bout de cette velléité.
Sangaya poussa un soupir.
La joie d'abattre l'ennemi lui ayant sans raison causé un tort important - Hollywood était allergique à la terre - était bien trop jouissive pour qu'elle mette aussi vite fin à la guerre.
Ovia, Fenris et Acanthis avaient gagné la première bataille, elle et son gloupti la seconde.
Le dommage initial ayant été produit de façon entièrement illégitime, il était normal que la jolie servante poursuive ses efforts.
Par contre, peut-être que la suite de ceci elle allait nécessiter l'aide d'un complice.
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Valshamr
FantasyÀ la mort de l'empereur Densimo VII, le roi Sangoku 1er se dispute le titre avec son rival Vegeta IV.