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Le temps passait lentement.
Les longs torses relativement minces, dénués de jambes mais vêtus d'une sorte d'immense manteau à capuche noir qui tombaient immatériellement sur le sol sombre gardaient farouchement leurs enclos.
Kharg ne préférait rien savoir de ses colocataires.
Bien évidemment, parfois de véritables crimes étaient commis çà et là à Attica...
Lui constituait une forme de colossale exception.
Simple factieux en devenir mais relativement pacifique, il semblait désormais traité par le palais comme une brebis galeuse, un traître à son propre peuple, un individu indésirable dont on ne souhaitait plus qu'il participe à la vie en communauté qui constituait la principale force d'Attica.
Pendant un court instant, et fort étrangement car en réalité il s'en fichait, il se demanda s'il verrait l'intronisation de son roi Sangoku 1er.
Effectivement, malgré les derniers événements attico-starpiens, il ne pouvait être totalement effacée l'affection que le citoyen vouait à son pays.
Bien qu'il l'ait certainement trahi, ce monarque était pour le moment encore son chef suprême.
Jusqu'à ce qu'il rejoigne Graveyard...
Dans le cas où Ludmilla ne récupérait pas son trône lors de sa promotion, évidemment...
Quoique, se fit la réflexion le jeune prisonnier, il était fort probable qu'en cette dernière hypothèse, la timide princesse aux cheveux écarlates soit placée sous la coupe de l'empire.
Quelle crédibilité aurait une femme de cet acabit en d'autres circonstances ?
Bien trop jeune et timorée pour gouverner par elle-même, celle-là provoquerait à coup sûr la ruine du pays, à même d'y faire revenir Lord Saddler en sa fonction la plus élevée.
Même Vegeta IV, le despote égoïste se fichant complètement du sort de ses gouvernés passerait pour un expert dans son domaine, en comparaison de la faible descendante d'une trop noble lignée pour ses frêles épaules.
Pour le moment, il semblait à Kharg que les abominations qui gardaient sa prison se contentaient de leur apparence pour le maintenir sage et docile.
Nul à Attica n'ignorait ce que ces monstruosités étaient capables de faire.
A priori, ils étaient dominés par le général Madara en personne, néanmoins plus il ouvrait la boîte de Pandore et plus l'éleveur de cochons comprenait que le continent ne maintenait en réalité qu'une paix factice.
Bien que contrairement à celui de leurs voisins, le roi ne soit pas encore nu à Attica, Kharg ne doutait pas qu'il se tramait quelque chose en coulisses à même de l'abaisser au même niveau.
Effectivement, sa récente évasion commanditée par Nerthus Salazar ne signifiait que deux choses : ou bien celle-ci trahissait Sangoku 1er, ou bien Vegeta IV était si faible qu'il s'était vu amputer de deux recrues juste sous son nez.
Dans tous les cas, il suffisait de connaître l'état délétère des hilotes starpiens pour deviner que la déliquescence de leur royaume allait bon train.
Assis sur un banc au bois partiellement effrité, Kharg pencha son crâne en arrière, contre le mur glacé en pierre.
Combien de temps allait-il passer ici ?
Il avait l'impression que le temps était comme suspendu, ou à la limite, qu'il s'écoulait d'une façon différente de celui de la dimension qu'il avait normalement toujours connu.
Un peu comme s'il était momentanément dans un genjutsu.
