Valshamr

Ludmilla ~ Chapitre 198

Jacinthe et Sangaya partageaient de multiples points communs.

Toutes deux étaient engagées dans leur ingrat métier de domestique, l'une attitrée aux jardins et l'autre à l'entretien des murs du palais.

Discrètes, efficaces on les remarquait à peine, un peu à la façon des elfes de maison dans Harry Potter.

En conséquence de cela, ce fut sans anicroche qu'Hollywood passa un bon bout de la soirée avec Danube-Escrebieux.

Ce dernier s'avérait être le familier de la femme aux cheveux verts.

Le poissirène nageait tranquillement dans le lac bordant une large partie des jardins, regardé de temps à autre par l'œil affectueux de sa maîtresse qui papotait tranquillement avec sa copine.

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Hollywood barbotait à leurs côtés, sous la surveillance bienveillante de Sangaya, qui tentait de convaincre Jacinthe de la rejoindre.

Certes, c'était une curieuse entreprise que d'occire une duchesse vivant au sein même du château royal.

Toutefois, la domestique savait user de la rhétorique.

Ovia et Acanthis menaient la vie dure aux serviteurs, mais le plus grave étaient qu'elles se permettaient en plus d'attaquer leurs familiers.

En effet, à leur jeune âge, hormis à leur famille à qui lesdits serviteurs tenaient le plus ?

Qui plus est, si Acanthis, par le truchement d'Ovia, qui elle-même avait usé des capacités de son medhyena s'en était pris subitement à son petit protégé...

Rien ne l'empêchait de commettre les mêmes méfaits à l'égard de n'importe lequel de leurs - nos - animaux.

Et si l'envie lui prenait d'empoisonner le lac, qu'en dirait-elle, Jacinthe ?

Si la pêche au poisson était remise au goût du jour, tradition depuis belle lurette jugée barbare et archaïque ?

Là, la jardinière réfléchit sérieusement.

Non seulement le duo malveillant s'en était pris à Hollywood, et par extension à Sangaya...

Mais en plus, cette dernière lui expliquait, décortiquait pour elle en quoi ces sorcières dénuées de pouvoir - de vraies Cracmols... - pourraient bien à l'avenir et sans raison réitérer leur action sur Danube-Escrebieux.

L'expression faciale marquant une légère défense teintée de méfiance, mêlée à une certaine compréhension s'adoucît nettement.

Après tout, comme la brune l'avançait, il y avait très peu de chance pour que quiconque les soupçonne.

Le duo d'acariâtres était si productif, si agressif envers une multitude de domestiques qu'il serait bien difficile de déceler la source de ce que Sangaya projetait d'effectuer.

- Comment tu comptes t'y prendre ? lui demanda enfin la jardinière.

La propriétaire de la boule verte pataugeant dans l'eau avec un poisson munie d'une corne massa ses lèvres l'une contre l'autre.

Elle-même n'y avait pour le moment que partiellement réfléchi.

Ce dessein n'était en effet qu'ébauché dans son esprit.

Cependant, elle avoua un point important de son plan encore à l'état d'embryon à sa complice.

Si Danube-Escrebieux n'avait pas la stature nécessaire pour gober deux mégères, le célèbre Kyogre pourrait lui s'en charger.

À ces mots, sa comparse s'esclaffa.

- Le roi des mers ? s'exclama-t-elle.

Elle avait les yeux grands ouverts de quelqu'un à qui on comptait le récit le plus farfelu, le plus improbable, le plus extravagant qui soit.

C'était le but recherché, justement.

Qui soupçonnerait le familier de Krauser lui-même d'attenter à la vie d'une noble ?

Alors de deux...

Ainsi que de leurs familiers.

Personne ne croirait à un meurtre.

Et encore moins à un quadruple.