Allongée sur un transat bordeaux situé au beau milieu d'un salon noir et rouge sombre, Bella gardait les yeux clos, tandis qu'une servante lui astiquait les ongles des pieds.
Elle ne cessait de penser à eux deux, à Vegeta IV comme à Drago de Larnaca.
Pourquoi donc l'appelait-on, lui, son père juridique et sa digne mère par leur nom de famille d'ailleurs ?
C'était chose fort étrange pour des ducs...
Certes, les Malefoy étaient attachés à leur patronyme autant qu'à leurs armoiries, néanmoins...
La duchesse de Littorella avait hâte de faire la connaissance de son petit-fils.
Bien que déjà né une cuillère en rhodium dans la bouche, l'ambitieux adolescent devait encore faire ses preuves.
Là, le Seigneur des Ténèbres lui donnait une opportunité sans précédent.
Alors qu'il n'avait même pas vécu dix-huit années révolues, celui-là marchait déjà doucement sur les pas de son despote de géniteur.
D'ailleurs, il avait été rapporté à l'éternelle Bella qu'il avait déjà réussi à s'attribuer légitimement un poste hautement stratégique.
D'après la duchesse, ce titre de « ministre de la Défense et de la Stratégie » camouflait sa réelle appellation : dictateur.
L'épouse de Voldemort 1er en était évidemment fière.
Cependant, elle s'inquiétait de l'incompétence de son fils.
Allait-il, à l'image de celui dont il tenait son menton fort pointu, traiter son peuple comme de la marchandise ?
L'exploiter jusqu'à la corde, le transformer en machine dès le plus jeune âge et le priver de liens familiaux forts ?
Ou, a contrario, daignera-t-il lui laisser un semblant de liberté ?
De cette dernière façon, celui-là n'y verrait que du feu, croyant que son bon souverain agissait systématiquement pour le bien commun, lorsqu'il restreignait ses libertés.
Il était évident que la plupart de ces futurs habitants serait issu d'Attica.
Starpe tenait jalousement en laisse ses précieux hilotes et, pour ce qui était de Lorathia, Sephiroth Hancock et son Parlement protégeaient bien trop leur population pour lui permettre de s'échapper de la sorte...
Tout comme Drago, Bella comptait sur la potentielle forte émigration que la venue de l'autocrate Sangoku 1er à Lorathia produirait en provenance d'Attica.
Nul doute que le remplaçant de celui-là ne ferait pas l'affaire.
Sa fille Ludmilla s'avérait molle comme un pudding, faible comme une plume et sentimentale comme une femme normale.
La grand-mère du prince de Larnaca espérait avec force que ce ne soit pas le général de l'armée qui prenne la relève.
À choisir parmi les hauts dignitaires du royaume utopique, il vaudrait mieux que le chef des cachots, le plus haut gradé de la garde royale, obtienne cette haute dignité.
Le problème étant que logiquement, c'était au numéro deux - si l'enfant du premier était écarté - de monter l'échelle et d'obtenir la couronne.
Bella était plus qu'intriguée quant à l'organisation future de ces deux immenses contrées.
Car en effet, elle avait récemment ouï dire que le bon roi altruiste avait réclamé un entretien avec le souverain pontife.
La passation de pouvoir était proche, Densimo était même d'avis qu'on l'invite à cette fabuleuse cérémonie.