Chapitre 172 : 1979 : Le cross over

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Chapitre 172 : 1979 : Le cross over

– Il est venu chez mes parents pour me voir, et il a appris pour Edgar, raconta Meredith. Il est revenu quelque temps plus tard. Il m'a entraînée à l'écart et m'a demandé la permission de demander ma main à mes parents.
– Vous ne vous étiez pas fréquentés avant ?
– C'était le Gryffondor que je préférais fréquenter, et de loin, dès qu'il a été nommé préfet. L'année après ma propre nomination, c'est souvent avec lui que je faisais ma ronde lorsqu'il fallait choisir un Gryffondor. J'en avais le pouvoir, j'étais Préfète-en-chef la dernière année.
– Tu étais Préfète-en-chef ? s'étonna Mona. Je ne le savais pas.

Si, tu as oublié, c'est tout.

– J'étais une préfète modèle, vraiment.

– Ça me fait penser, le préfet-en-chef et la préfète-en-chef de mon année se sont mariés il y a quelques jours. Ils ont fait ça vite fait...

– Il l'a mise enceinte ? supposa Meredith.

Meuh non, ça, c'est réservé aux Moon enfin.

– Non, ils se sont mis ensemble durant la septième année, raconta Mona. Ils voulaient se marier très vite... ils se sentaient en danger, je pense.

Meredith tritura ses doigts, perdue une fois de plus dans ses pensées.

– Potter...

– Oui, c'est le nom du garçon. James Potter, il s'est marié avec Lily Evans, que j'ai toujours bien aimée.

Mona ne savait pas pourquoi elle avait lâché cette information.

– Sang-de-bourbe, dit simplement Meredith.

– Oui, souffla Mona.

– Ne dis pas à tes parents que tu entretiens de bonnes relations avec une sang-de-bourbe. Ils croient toujours que ce ne sont pas des sorciers comme les autres.

Tolérante la mémé, voir des macchabées, ça socialise apparemment.

– Et toi ? tenta Mona.

– Les sang-de-bourbes sont des sorciers comme les autres, affirma Meredith. Mais toutes les personnes importantes dans notre société pensent le contraire. Donc, il vaut mieux faire semblant de penser comme eux. C'est valable pour les moldus.

Mona se pinça les lèvres.

– Ton ami Brad ? C'est juste un ami ?

– Oui, répondit Mona après un instant.

Meredith la regarda avec scepticisme.

– Il vaudrait mieux éviter que ce soit lui que tu épouses, dit-elle.

Elle marqua une pause avant de reprendre.

– Mais si c'est ce Brad l'élu de ton cœur... ignore tes parents ! Ignore les Moon, ajouta Meredith. Et fais en sorte de vivre heureuse.

Mona sursauta.

– Vous... tu... tu es sûre ?

– Certaine. Les règles de conduite des Moon doivent passer au second plan dans ta vie. Le mot d'ordre, c'est « être heureuse ». Fais-moi confiance.

Mona se réinstalla au fond du canapé, toujours sous le choc des paroles de sa grand-mère.

– Qu'est-ce qui aurait changé dans ta vie si tu avais appliqué cette règle ? demanda Mona.

– Eh bien, tu ne porterais pas le nom des Moon, mais un nom que j'aurais inventé pour fuir ma famille, imagina Meredith. Mais je ne regrette pas ma vie. Si je n'étais pas restée chez mes parents, Ignatius ne serait pas venu me demander en mariage, et je n'aurais pas eu cette vie merveilleuse jusqu'à son décès.

Mona hésita une seconde, puis reprit.

– Je pensais... que tu aurais rejoint mon vrai grand-père.

Meredith la regarda fixement.

– Non, je ne l'aurais pas fait. J'aurais peut-être été demander de l'aide à Dumbledore. Oui, c'est ce que j'aurais fait.

Mona n'ajouta rien, bien qu'une lueur de déception brillât dans ses yeux.

– Bon, je vais te laisser aller voir ce vilm, déclara Meredith. Brad doit t'attendre.

Elle se leva, et Mona l'imita pour l'accompagner jusqu'à la cheminée.

– Mais évite tout de même de choisir ce Brad. Il m'a l'air gentil et il est très beau, c'est indéniable. Mais la situation serait très inconfortable pour toi.

– Je sais, répondit Mona.

– Surtout que tu as eu d'autres petits amis, moins... moldus.

Mona fut vaguement surprise.

– Comment le sais-tu ?

– Je suis une Moon, répondit Meredith. Je sais toujours tout !

T'en caches de belles, pour ça, on te fait confiance.

Meredith prit congé peu après. Mona attendit quelques instants, puis fila dans l'appartement de Brad, où la cassette de Grease l'attendait.

Mona, dubitative devant le film, ne comprenait pas pourquoi le garçon qu'elle avait vu dans un autre film quelques jours auparavant jouait ici sous le nom de Danny. Pire encore, elle ne comprenait pas pourquoi les gens chantaient et dansaient dans la télé.

– Alors ? demanda Brad.

– J'aime beaucoup Sandy, la fille qui fait des efforts pour plaire à celui qu'elle aime. Surtout que Danny a également fait des efforts auparavant.

Mouais, tu te retrouves dedans, c'est ça ? Mais il n'est pas fait pour toi, ce Brad. Il est... trop... pas assez... Bon, ok, il n'est peut-être pas si mal que ça. Mais quand même, c'est un obsédé sexuel !

– Pourquoi tes valises sont-elles faites ?

– Je dois partir, dit Brad. Je t'en avais déjà parlé. Je ne reviendrai que mardi.

– C'est toutes les semaines que tu pars en voyage.

Il va rejoindre sa femme et ses trois enfants. Je t'avais dit que c'était un salaud. Quand je pense qu'il a failli m'embobiner pendant un instant.

Brad sortit un bout de papier de sa poche.

– Je t'ai noté le numéro et l'adresse où me joindre, dit-il. Essaie de m'écrire ou de m'appeler pour une fois.

– Je t'ai écrit une fois ! rappela Mona.

– La lettre est arrivée alors que j'étais déjà reparti.

– Je ne savais pas que ça mettait autant de temps, hésita Mona. Enfin... j'avais oublié.

Eh oui, le courrier chez les moldus, c'est deux jours. Un, si tu postes au bon moment. Lily ne te l'a pas dit, lorsqu'elle t'a expliqué le fonctionnement de la poste ?

Mona aida Brad à descendre ses affaires jusqu'au pied de l'immeuble et attendit le taxi avec lui. Un taxi, c'était une sorte de voiture privée avec chauffeur que l'on pouvait appeler à tout moment. Mona savait que ce type de transport avait existé dans le monde sorcier. La guerre avait mis fin à plusieurs entreprises, et celles-là semblaient en faire partie.

Une voiture noire, surmontée d'un panneau lumineux marqué « Taxi », se gara devant l'immeuble.

– Bon, dit Brad alors que ses bagages étaient chargés dans le coffre. Je reviens bientôt, ne fais pas de bêtises.

Je suis sûre que toi, tu vas en faire plein.

– À qui vais-je faire des câlins maintenant ?

À personne, et c'est très bien.

– Fais-moi penser à t'acheter une peluche géante ! lança Brad.

Mona rit doucement, même si son cœur se serrait de voir son petit ami partir. Ils s'embrassèrent aussi longtemps que les claquements de langue impatients du chauffeur le leur permirent. Depuis la vitre du taxi, Brad tendit la main, et jusqu'au dernier instant, ils restèrent liés.

Mon Dieu, que c'est cul-cul ! Tu vois ce que tu me forces à narrer ?

Mona regarda la voiture disparaître au loin, puis remonta lentement dans son appartement, le cœur lourd.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant