GAGNANT WATTYS 2021 ⭐
Un mystérieux chat noir pourchassé par l'armée libère un jeune prisonnier ayant participé, quelques années plus tôt, à la dernière guerre des Balkans.
Au fur et à mesure d'une traque qui se poursuivra au travers de l'Europe et...
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<< Bien ... La réunion touche à sa fin. Avez-vous encore des choses à me préciser, Général ? >>
La dame aux cheveux courts et effilés rangea son transparent A4 dans sa serviette, accordant un temps de réflexion à son interlocuteur.
<< ... Non.
— ... Rien du tout ?
— ... Je n'ai rien de plus à déclarer. >> assura-t-il avec un regard fuyant.
Elle fronça légèrement les sourcils et, après quelques secondes à le scruter d'un air altier, se remit à sourire.
<< Bien ... >> fit-elle.
Elle se leva.
<< Général ...
— Oui ?
— Est-ce que l'état de votre sœur aînée s'est amélioré ?
— Non ... Il se dégrade. Son mari et moi-même préférons qu'elle reste à la caserne, elle est bien entourée. Mon fils s'occupe un peu d'elle ... Il parvient à lui parler et à la calmer. >>
La dame politique lui tourna le dos, s'apprêtant à se diriger vers la sortie, mais se maintint encore immobile durant un bref instant.
<< Quand je pense qu'il fut une époque où nous étions très amies, elle et moi ... >>
Elle partit sans rien ajouter. Arkoudas parut écouter ses pas s'éloigner et, au bout d'un moment, s'en alla retrouver son verre de vin pour l'achever d'une traite.
Les fantassins cagoulés qui venaient de débarquer dans l'appartement où s'étaient précédemment réfugiés le forçat et le curieux animal au pelage ébène fouillaient l'endroit de fond en comble.
<< Le forçat n'est plus là ! >> avertit à haute voix l'un d'eux sur le balcon à l'attention d'Ingmar Larsson et des autres hommes qui patientaient sur le bitume.
Le Commandant approcha de ses lèvres son instrument de mesure du temps.
<< Êtes-vous certain qu'il est entré là ? >>
Un soldat encore occupé avec un coéquipier à examiner minutieusement tous les recoins la chambre de l'habitation, la tête penchée sous un lit, répondit à l'officier qui venait de l'interpeller par la même voie électronique : << Certain ... Mais il s'est volatilisé. >>
L'homme au vieux blouson d'aviateur synthétique leva la tête vers le chasseur léger d'Anselme et Izidor qui virevoltait dans les alentour.
— Non, rien à signaler. Pas la moindre trace du chat. avisa Anselme à son interlocuteur dont le visage imberbe s'affichait encore en semi-holographie sur l'écran de contrôle du tableau de bord.
— Prévenez-moi si vous repérez le forçat ... Il semble aider le matou. Il est notre seule piste, encore une fois. Il pourrait nous renseigner.
— Très bien ... >>
Larsson coupa la communication et grommela : << C'est pas vrai ! Nous aurions dû demander aux soldats de ne pas laisser ce garçon s'enfuir ! >>
Soudain, son attention s'égara sur une jeune femme d'une beauté toute naturelle qui cheminait dans la rue. Elle avait de longs cheveux roux surmontés d'une capeline en paille bleu ciel ; elle portait un pull bicolore en laine ; son visage très pâle aux traits fins et maculé d'éphélides était aussi terne que celui des quelques autres passants et fantassins présents aux alentours. Il l'observa d'un air rassis, tandis qu'elle paraissait complètement indifférente au spectacle qui se tramait. Les soldats cagoulés présents à ses côtés, eux, restaient concentrés sur l'opération ; ils maintenaient les yeux sur le bâtiment suspect. Elle s'arrêta sur le seuil de l'une des maisons mitoyennes et posa sa main sur la serrure afin de provoquer l'ouverture de la porte d'entrée, ce que ne manqua pas de remarquer le personnage au teint artificiellement hâlé.
Le vieux volet roulant du garage du bâtiment suspect se releva brusquement. L'officier dégaina un pistolet semblable à un Glock 17 qu'il dissimulait jusqu'ici sous son blouson, se gardant de le mettre en joue dans un premier temps. Les autres militaires s'échangèrent un regard assurément interrogatif ; l'un d'eux, clairement moins hésitant que les autres, pointa son Zater en direction de l'ouverture. Ils entendirent un bruit de pneus se frottant sur le sol qui s'intensifiait. Une berline verte sortit soudainement en quatrième vitesse et frôla, dans un dérapage contrôlé et poussiéreux, le nez du Commandant avant de s'engager dans un virage à vive allure ; la foudre qui s'abattit sur le véhicule fut vaine ; le responsable des opérations, quant à lui, manqua ses deux tirs. Il eut toutefois le temps d'apercevoir le conducteur de l'automobile : le félin noir en personne, debout sur le siège, les pattes antérieures sur le volant directionnel et une patte postérieure sur le levier de la boîte manuelle. Le jeune évadé du pénitencier, lui, occupait la banquette arrière. Larsson hurla dans sa montre-bracelet : << Ce sont eux ! Attrapez-les !
— À vos ordres ! >> acquiesça Anselme.
L'aérodyne grège du binôme Rojas et Kaluža vira à gauche dans le ciel, laissant derrière lui une traînée de condensation qui dessina une virgule, et se mit à suivre, en moyenne altitude, la berline dont les occupants avaient été identifiés.