8.8 : Le trait

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Les trois évadés de Borkum se réunirent enfin au salon

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Les trois évadés de Borkum se réunirent enfin au salon. Zoran, les cheveux trempés, portait son pantalon de visibilité orange et le nouveau t-shirt que lui avait offert Klaus Friedrich. Ce dernier déposa un transparent A3 sur la table basse devant le canapé sur lequel il venait de s'asseoir. L'ex-forçat prit une chaise et s'installa face à lui. Le chat grimpa sur la surface plane sur laquelle reposait le support tactile. L'ex-Lieutenant se mit à toucher du bout de l'index, deux fois de suite, le transparent qui adopta alors une teinte blanche, ce qui lui donna l'aspect d'une feuille de papier.

<< As-tu pensé à un plan pour passer de l'autre côté du mur, matou ?

— J'ai réfléchi ... Mais je n'ai pas encore trouvé de solution.

— Nous allons voir ça ... >>

L'Autrichien dessina sur la feuille un long trait noir par un simple frottement du doigt.

<< Voilà le mur de Berlin ... Ça, c'est le seul moyen d'accès à partir de l'État Suggéré, ici même : la porte de Brandebourg ... La question est : comment passer de l'autre côté ?

— Est-ce qu'il y a un no man's land derrière cette fortification ?

— ... Je ne sais pas ... Probablement pas ici en tous cas. renseigna l'homme à la coupe en brosse.

— Vous permettez ? >> demanda l'animal.

Le sexagénaire retira son bras pour laisser travailler la petite bête qui, à son tour, se mit à dessiner sur le support avec, pour feutre, le coussinet de la patte antérieure dextre.

<< Ça ... Ce sont des tours à canon qui me semblent a priori ultra-perfectionnées ; elles sont jaunes du côté de l'Ouest, rouges du côté Est ; elles sont disposées, à intervalles réguliers, environ tous les sept mètres. expliqua-t-il en désignant les petites croix qu'il venait de faire. Elles sont chacune équipées d'un système de caméra, d'un radar et d'un détecteur de mouvement qui, j'imagine, doit être particulièrement perfectionné. Leur armement ; des mitrailleuses lourdes automatiques et des lance-missiles. Celles dont nous devons nous méfier, ce sont les rouges, soit celles de l'Allemagne de l'Est, soutenue par le Royaume polonais. Elles nous réduiraient en purée.

— Comment sais-tu tout cela ? interrogea Friedrich, l'air relativement épaté.

— J'ai pris la peine de faire quelques photos hier à l'aide des caméras intégrées à mes yeux et j'ai décortiqué l'information ...

— ... Et par la voie des airs ? suggéra Zoran avant de bailler.

— C'est la pire des mauvaises idées ... Les canons peuvent pivoter horizontalement et verticalement. Ils abattront le moindre petit aéronef.

— Je pourrais peut-être me déguiser en diplomate ... plaisanta le fils de Ghislaine. Même si je suis loin d'en être un ...

— Soyons réalistes ... C'est impossible, nous nous ferions griller à tous les coups. répliqua le matou.

— Un tunnel ? proposa l'ex-forçat en ajoutant avec son pouce un lourd trait noir sous le mur dessiné par l'Autrichien.

— Connais-tu un endroit où nous pourrions commencer à creuser sans nous faire remarquer ? Ce serait de la folie ...

— Alors, que faire ? >> interrogea l'ex-Lieutenant.

Le félin noir s'accorda quelques secondes de réflexion avant de fournir une réponse claire : << A priori ... Je ne vois pas ... Sauf erreur de ma part, toute tentative est actuellement vouée à l'échec. Il nous faudrait peut-être d'abord laisser passer la tempête et faire ça ailleurs qu'à Berlin.

— Pour quand étais-tu censé rejoindre Cracovie, matou ? >>

Un craquement coupa court à la conversation. Ils levèrent les yeux vers l'entrée du salon. Madame Friedrich passa la tête par l'embrasure.

<< ... Je le savais ... Je me disais bien qu'une odeur bizarre était entrée dans la maison ... >> lâcha-t-elle.

Son fils se leva d'un bond : << Maman ! >>

La vieille dame s'introduisit dans la pièce, brandissant sa canne des deux mains comme une batte de baseball.

<< Un chat ! >>

Elle s'élança sur l'animal, remontée comme un coucou. La petite bête sauta pour éviter l'accessoire de bois qui heurta la table basse et le support A3 à la place.

<< Maman ! Il n'y a pas de problème ! C'est juste un chat !

— Pas de chat chez moi ! >> hurla-t-elle en poursuivant le félin noir comme si elle avait trente ans de moins, malgré une lente et difficile mobilité.

Il eut beau grimper sur des meubles ou se faufiler dessous durant sa course, elle attaquait énergiquement sans relâche, manquant à chaque fois sa cible tout en renversant, au passage, de la vaisselle. Son fils et le garçon au pantalon de visibilité eurent beau essayer de lui bloquer le passage et la supplier de se calmer, sa furie ne diminuait pas.

Un fracas soudain interrompit la chasse. La large vitre principale du salon qui donnait sur le balcon venait de se briser en morceaux. Ils se retournèrent tous. Cinq fantassins cagoulés et armés de Zaters firent irruption dans la pièce et braquèrent ses occupants. Le bruit des pâles en mouvement d'un hélicoptère résonnait au loin.

Les trois évadés de Borkum étaient complètement pantois. La vieille dame, essoufflée, se calma d'emblée, observant les militaires dans une mine redevenue inexpressive.

<< Personne ne bouge ! >>ordonna l'un d'eux.


*****

Note de l'auteur :

Nos héros se retrouvent une nouvelle fois en très fâcheuse posture ... Vont-ils s'en sortir indemnes ? Nous verrons bien au chapitre suivant ... 😜

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant