KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]

16.2 : Le caisson hyperbare

Dans la salle de sport du complexe ardennais, Hélios Arkoudas, en débardeur noir et le corps perlé de sueur, châtiait le vinyle d'un énorme sac de frappe à eau suspendu par une lourde chaîne. Dans la même pièce, deux soldats s'entraînaient sur un ring de boxe pendant que d'autres s'exerçaient avec des haltères et des giryas.

Sania, une fois entrée dans la salle, vint se placer derrière le chef d'État-Major et toussota volontairement, l'interrompant dans sa montée de frénésie. L'haleine en perte, il ne prit pas la peine de se retourner.

<< Alors ? fit-il, devinant vraisemblablement l'identité de la personne qui l'avait interpellé par une brusque expiration.

— Aéroski a échoué. Il y a de fortes probabilités que le félidé ait rejoint la Confédération baltique. >>

Le Général poussa un gémissement mêlé à un soupir, exprimant un profond désarroi.

<< Il y autre chose ... Nos informateurs nous ont également communiqué une nouvelle importante ... Olivier Demester serait vivant ... >> ajouta-t-elle.

Les yeux d'Hélios se désorbitèrent soudainement. Il se tourna enfin vers son interlocutrice.

<< Corvus est en vie ?

— Oui, Général.

— Comment les informateurs l'ont-ils appris ?

— De la bouche même de Boleslas ... Il y a des microphones dans la salle du Trône ...

— Demandez à notre service informatique qu'il me donne accès à une connexion directe avec la rébellion polonaise. >>

Le Maréchal Alekna s'introduisit dans une pièce sécurisée dont l'entrée était gardée par deux miliciens. L'endroit était vide, en dehors d'un caisson hyperbare laiteux et monoplace doté de quelques hublots ; il y avait également, à proximité, deux moniteurs qui affichaient en temps réel des tracés graphiques représentant l'état de santé général du patient qui devait se trouver à l'intérieur. Il s'approcha de la machine et, après avoir rapidement essuyé la buée collée sur l'un des disques vitrés, jeta un coup d'œil au travers.

<< Les miliciens ont sauvé la vie d'un chat, aujourd'hui. Il est tout noir ... Ils l'ont trouvé sur la route, à la frontière polonaise ; il était en piteux état. >>

Il caressa le hublot du pouce.

<< Ils ont surpris un rebelle qui tentait de le récupérer, nous ignorons pourquoi. C'est étrange ... J'ai demandé à une vétérinaire de s'occuper de ce matou. Apparemment, il accompagnait un étrange jeune homme gravement blessé. C'est une drôle d'histoire ... >>

Il leva les yeux, songeur, et se frotta la moustache avant de continuer : << ... Enfin ... Je ne sais pas vraiment qui est ce garçon mais je ne compte pas m'occuper de cette affaire. Je vais déléguer l'enquête à quelqu'un d'autre, en espérant avoir des éclaircissements au plus vite ... Je te tiendrai au courant. >>

Il sourit.