1.5 : Les forçats

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L'hydrocureur poursuivait sa route, longeant à présent le jardin botanique de la ville

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L'hydrocureur poursuivait sa route, longeant à présent le jardin botanique de la ville. Un corps céleste fendit l'air et se fracassa contre la façade du troisième étage d'un immeuble d'habitations qui faisaient face à l'espace vert, produisant une explosion et contraignant le jeune conducteur à freiner brutalement afin d'éviter les débris de béton, de carbone et de verre ; l'immobilisation subite brusqua fortement Zoran et Pero, toujours debout à l'arrière.

<< Qu'est-ce qu'il se passe ? >> fit le premier.

Il sauta de son marchepied, immédiatement suivi par le second, et contourna l'engin d'assainissement afin de se rendre compte de l'incident.

<< Je ne sais pas ! Un objet est venu s'écraser sur l'immeuble ... expliqua Qendrim, au volant.

— Regardez ... Il y a un quatrième spectateur. >> fit remarquer Pero.

Les feux du véhicule éclairaient le félin noir qui traversait calmement la voie, apparemment épuisé. Il croisa leur regard et s'arrêta un instant au milieu du bitume pour reprendre son souffle.

<< J'avais un chat comme ça, dans mon village ... Tout noir ... ajouta le trentenaire.

— C'est étrange. Qu'est-ce que c'était, cet appareil ? >> se questionna Zoran qui fléchit un genou afin de ramasser un morceau de patte de l'acarien.

Pero, lui, chercha manifestement à caresser la petite bête qui, spontanément, recula de quelques pas.

<< Forçats Zoran et Pero. Veuillez rembarquer dans l'hydrocureur tout de suite, sous peine d'être sanctionnés. >> commanda le geôlier volant.

Ils sursautèrent au désagréable son produit par les réacteurs du chasseur militaire qui débarqua soudainement dans la zone d'incident. En moins de deux secondes, aidés des bottes identiques à celles que portaient les autres hommes d'armes liés à l'opération, Izidor et Anselme mirent pied sur la voie routière, à quelques mètres des éboueurs et du matou. Le petit aéronef se maintint immobile dans les airs en attendant, de toute évidence, leur retour. Ils pointèrent leur fusil à foudre sur l'animal qui paraissait naturellement craintif.

<< Que voulez-vous ? >> questionna instinctivement Pero en se rapprochant d'eux.

Qendrim sortit de la cabine de l'engin d'assainissement et rejoignit ses deux collègues.

<< Allez-vous-en, nous nous occupons du matou ! >> lança Izidor.

Le félin noir décampa et esquiva habilement la décharge du grand bonhomme édenté, se réfugiant derrière une rangée d'automobiles parquées. Les trois jeunes travailleurs prirent également leurs jambes à leur cou et, suivis du bourdon geôlier, se dissimulèrent derrière la citerne à boue qu'ils étaient censés vider.

<< Zut ... grogna le géant. Où est-il passé ?

— Saleté de chat ... Nous étions à deux doigts de l'avoir ! >>

Les deux militaires restèrent un moment sur place à scruter leur environnement immédiat avant de jeter un œil sur leur assistant de navigation.

<< Il est tout prêt ... >> signala Anselme.

Pero parvint à distinguer la petite bête drapée dans l'ombre d'un angle mort, entre deux automobiles. Il prit une profonde inspiration et se décida à revenir auprès des deux soldats qui s'approchaient.

<< Qu'est-ce que vous faites ? questionna-t-il, visiblement remonté.

— ... Mêle-toi de tes oignons, toi ! Tais-toi ! >> lui riposta sèchement Izidor.

Zoran et Qendrim s'échangèrent un regard chargé d'inquiétude, bouche bée.

<< Pourquoi tirez-vous sur un animal sans défense ? >> surenchérit l'éboueur trentenaire, s'arrêtant à deux pas du duo.

Le collègue avec lequel il avait nettoyé le dernier avaloir, au bout de quelques secondes d'hésitation, se décida à prendre son courage à deux mains et le rejoignit.

<< Pero ... Ne fais pas l'imbécile ! >>

Le bourdon robotique se rapprocha du travailleur interpellé, suspectant probablement une complication.

<< Un geôlier ... constata Anselme. Cela expliqua tout. Vous êtes en état d'incarcération. Vous êtes aux travaux forcés.

— Oui. confirma Zoran. Mais ... Heu ... Mon ami s'apprête à être libéré, il va enfin obtenir la citoyenneté dans une semaine. N'est-ce pas, Pero ?

— Il n'a pas l'air si pressé de l'obtenir ... ironisa le petit homme violâtre.

— Je ne veux pas l'obtenir ... >> confirma le personnage concerné.

Toutes les mines présentes furent marquées d'un perceptible de air surprise, y compris celle du chat qui, à distance, semblait écouter attentivement la conversation.

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant