Zoran venait de pénétrer dans un lieu qui, correctement éclairé par la lumière du jour, avait un décor qui relevait d'un style français classique du dix-septième siècle, tant au niveau architectural que pictural.
<< Il y a quelqu'un ? >> cria-t-il.
Un bruit électronique strident retentit. Il examina les quatre coins de la pièce avant que le signal sonore ne se reproduise. Zoran comprit manifestement que le bruit électronique provenait d'un écran tactile adjacent à la porte d'entrée de l'appartement. Il s'en approcha en dépit que rien ne s'y affichait, alors que la sonnerie se faisait toujours plus insistante. Il se décida à parler dans le microphone de l'appareil : << ... Il y a quelqu'un ?
— Zoran, c'est moi ... Je suis dans un angle mort, ils ne me voient pas ... Ouvre-moi tout de suite la porte ! >>
L'évadé poussa un soupir, s'éloigna de la machine et fit les cent pas. Le signal retentit encore. Il finit par presser un bouton virtuel vert. Une voix électronique prononça : << Accès autorisé. >>
Il patienta quelques secondes, le temps pour le chat de monter au second étage. Il entendit alors des griffes gratter sur la porte et alla l'ouvrir. L'animal entra paisiblement et le garçon referma le battant.
<< Rabats les volets ... >>
Le jeune homme s'exécuta ; il referma entièrement l'accès au balcon et rabaissa les volets roulants après avoir navigué dans le menu d'un autre écran tactile mural. Une lumière artificielle, provenant de sources en diodes électroluminescentes soigneusement placées, remplaça celle du jour.
<< Comment savais-tu que j'étais là ? >> questionna le forçat.
Le félin noir monta sur une bergère soyeuse et s'y allongea.
<< Je dispose d'une très bonne acuité visuelle, je viens de m'en rendre compte. Je peux analyser visuellement des situations en quelques dixièmes de secondes. Je t'ai vu entrer ici et j'ai même pu constater, à l'instant précis où j'ai sauté du toit, que personne d'autre n'occupait les lieux. Je me suis caché en attendant que la voie soit libre ...
— C'est bien ce que je disais, tu es un robot ...
— Je ne crois pas, non ... Bon, si nous restons ici, ils vont nous retrouver ! Les soldats ont sans aucun doute relevé eux aussi que tu es venu te réfugier dans cette habitation. Ils pourraient rapidement prendre la décision de vérifier si tu es en ma compagnie ... Tu vas devoir m'aider !
— Non, c'est bon ... Pour moi, l'aventure s'arrête ici. Ils n'ont pas essayé de me capturer, ils sont passés à côté de moi en me laissant tranquille ... Ils ne s'intéressent donc pas à moi, tant mieux ! Je ne vais pas en rajouter une couche ! >> informa Zoran en s'asseyant sur un autre fauteuil.
Ils sursautèrent au son produit par un puissant coup de pied sur la porte d'entrée de l'appartement. Ils entendirent également les volets se faire rudement marteler, peut-être à l'aide de crosses de fusils à foudre.
<< ... Tu veux sauver ta peau, c'est ça ? Je suis la seule option possible ! Suis-moi et ne fais pas l'imbécile ! Ils ne vont pas te faire de cadeaux ! >>
De nouvelles frappes retentirent. Le garçon au pantalon de visibilité, apeuré, se leva.
<< De toute façon ... Il n'y a aucune issue !
— Le vide-ordures ! >> proposa le matou en se remettant sur ses pattes.
L'évadé vint ouvrir la trappe du vidoir, là où l'hôte de l'appartement évacuait de toute évidence ses déchets ménagers.
<< Saute ! Vite ! pria l'animal.
— ... Quoi ?
— Arrête de réfléchir ! Ils ont tué tes amis, ils te tueront aussi si tu restes ! >>
La porte d'entrée explosa. Le jeune homme entra sans plus attendre dans l'étroit vidoir. Le chat le suivit deux secondes après. Le volet, à son tour, fut complètement fracassé ; il en fut immédiatement de même pour la vitre qu'il protégeait.
Le garçon au pantalon de visibilité orange et le félin noir atterrirent sans égratignures sur le tas de sacs poubelles de la benne à ordures ménagères de l'immeuble, au sous-sol, à l'intérieur d'un petit parking. Ils évacuèrent du caisson sans plus attendre.
<< Vite ! Il faut trouver une voiture ! sollicita le chat.
— On ne pourra jamais en activer une, nous ne sommes propriétaires d'aucune !
— Prenons celle-là ! >> invita le matou en désignant une vieille berline à la carrosserie verte de malachite.
Parvenus à proximité de la machine, la petite bête effleura une portière qui s'ouvrit automatiquement. Elle bondit sur le siège avant du passager et, touchant le volant directionnel, déclencha instantanément le moteur électrique.
<< Ça aussi, tu arrives à faire ? questionna Zoran qui grimpa sur le siège du conducteur.
— Je ne sais pas d'où ça vient ... J'arrive à pirater les objets électroniques, c'est instinctif !
— Heu ... Je ne peux pas conduire ... Je n'ai pas le permis, je n'ai pas reçu la formation nécessaire ! >>
VOUS LISEZ
KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]
Science FictionGAGNANT WATTYS 2021 ⭐ Un mystérieux chat noir pourchassé par l'armée libère un jeune prisonnier ayant participé, quelques années plus tôt, à la dernière guerre des Balkans. Au fur et à mesure d'une traque qui se poursuivra au travers de l'Europe et...