9.2 : La table ovale

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<< ... J'avais pourtant prévenu le chat. Il était au courant que je ne voulais pas le suivre mais il ne m'y a contraint. expliqua l'ex-forçat à l'ex-Lieutenant.

— Tu veux dire que ... tu as fait toute cette aventure comme un lâche, juste pour sauver ta peau ? C'est ça ? renchérit l'homme qui, tout comme lui, maintenait ses deux bras levés.

— ... Votre problème avec la Suggestion, ce n'est pas le mien. Tout ce qui compte pour moi, c'est survivre. Vous, vous faites ce que vous voulez ... >>

Zoran devait deviner, sans même regarder son interlocuteur, le dégoût que pouvait potentiellement ressentir celui-ci à son adresse.

<< Ne m'adresse plus jamais la parole. lui pria Klaus Friedrich.

— Bon ... Vous trouverez une autre occasion pour régler vos problèmes existentiels. Vous allez sagement nous suivre tous les deux ! Un hélicoptère vous attend ! >> exigea le petit homme violâtre.

La maîtresse des lieux tenu à rappeler son fils à l'ordre : << Klaus, si tu accompagnes ces gentils Messieurs dehors, n'oublie pas de mettre un manteau pour ne pas attraper froid. >>

Izidor s'esclaffa. Anselme s'approcha du sexagénaire qu'il tenait en joue.

<< Qu'allons-nous bien pouvoir faire de vous, Lieutenant Friedrich ? Peut-être l'un des nôtres, qui sait ... suggéra-t-il à l'Autrichien qui fronçait les sourcils.

— Que voulez-vous à ce chat ? questionna l'intéressé en interpellant l'officier édenté qui portait la petite bête dans ses bras.

— Le chat ? Ne vous en faites pas ... Nous allons le ramener chez lui. >>

Le petit homme violâtre se tourna alors vers l'ex-forçat dont l'anxiété était palpable.

<< Nous avons tué deux de tes amis, l'autre soir ... Et tu espères encore que nous allons t'épargner ? >>

Les deux Commandants se désopilèrent, jubiles.

<< Embarquez tout ce petit monde dans l'hélicoptère ! >> ordonna Anselme aux fantassins.

Un soldat, dont la carrure était nettement plus développée que ses quatre autres compagnons cagoulés, s'en alla saisir Zoran par la gorge. Ghislaine Friedrich, la face toujours terne, se plaça maladroitement sur son chemin et intervint : << La prochaine fois que tu reviens ici, mon petit, tu serais bien agréable de me ramener une boîte de chocolats belges. >>

Le garçon au pantalon de visibilité orange, peut-être dans un réflexe instinctif, profita de la confusion pour se dégager aussitôt. Les soldats hésitèrent à tirer sur la dame octogénaire qui bloquait le passage. Klaus saisit alors l'occasion pour administrer un coup de boule au fantassin qui s'était déplacé jusqu'à eux avant de lui éclater la mâchoire par une frappe du coude. Sous la brutalité de l'attaque, le militaire cagoulé trébucha et chuta sur Izidor qui perdit à son tour l'équilibre en relâchant le félin noir. Le sexagénaire administra au géant un coup de pied de côté en pleine tête, l'aidant à s'écrouler à son tour. Le premier homme qu'il avait mis à terre, essayant confusément de réagir en tiraillant, foudroya maladroitement Anselme, à défaut d'atteindre l'Autrichien à proximité ; le petit Commandant à la peau violâtre fut instantanément assommé.

Zoran, clairement pris de panique, se réfugia sous la table ovale. Klaus se protégea du tir d'un second fantassin cagoulé à l'aide du dossier d'une chaise en polyuréthane et, avec celle-ci, se rua droit sur l'auteur de la décharge. Il jeta le meuble sur le militaire et s'accrocha à la tringle des rideaux, lui attrapa la tête par les jambes, relâcha la barre et fit une culbute arrière qui fit valser l'ennemi. L'ex-Lieutenant rejoignit l'ex-forçat sous la table, se releva en la soulevant comme un bouclier tout en chargeant la surface plane sur deux soldats, les empêchant ainsi de lâcher la foudre sur eux. Il arracha des mains de l'un d'eux un Zater dont le canon dépassait de la surface ovale, infligea un coup de pied à Izidor avant qu'il ne se redresse puis, relâchant le meuble, tira diligemment sur trois hommes confus et en mauvaise posture avant d'utiliser la crosse de l'arme pour en frapper un autre et le neutraliser à son tour par la foudre.

<< Klaus. Merci de ne pas mettre cet appartement sens dessus dessous. Tu devras tout ranger après. >> pria sa maman sur un ton encore relativement neutre.

L'Autrichien, après avoir récupéré le corps de la petite bête inconsciente, rejoignit le balcon en quatrième vitesse, passa par-dessus la rambarde et bondit à l'intérieur du chasseur léger d'Anselme et d'Izidor qui stationnait toujours dans les airs. Zoran se décida à le suivre, ramassant dans la foulée une arme par la bandoulière. Le Commandant Kaluža parvint à le saisir par la jambe mais il arriva à se dégager, s'en allant sauter à son tour dans l'appareil.

<< Je reviens, maman ... cria l'ex-Lieutenant, assis aux commandes de l'appareil, en lui communiquant un baiser volant.

— Que se passe-t-il, Klaus ? >> demanda-t-elle, déconnectée du monde qui l'entourait alors que sept soldats gisaient à ses pieds.

Le garçon au pantalon de visibilité s'installa sur l'un des deux sièges d'observation et referma lui-même la verrière du véhicule aérien. Une terrible percussion retentit. Il remarqua le minuscule trou formé par l'impact, entouré de quelques fissures en toile d'araignée à côté de lui, dans le montant vitré. Il put deviner indubitablement qu'une balle, déchargée par un tireur d'élite - posté au sommet d'un immeuble situé à quelques centaines de mètres de là - avait traversé le verre laminé à sa gauche et transpercé la partie de fuselage à sa droite.

<< Ils nous tirent dessus ! >> alerta-t-il.

Klaus Friedrich exécuta abruptement le redémarrage de l'aéronef grège qui quitta rondement les lieux tout en prenant de l'altitude. Ils eurent le temps d'apercevoir l'hélicoptère de Larsson en hauteur. L'Autrichien parvint maladroitement à contrôler l'appareil qui traça une petite trainée de condensation sous forme de virgule dans le ciel.

<< Il nous faut passer le mur de Berlin ! s'exclama l'ex-forçat. C'est le moment !

— C'est impossible par la voie aérienne, nous nous ferions abattre ! Nous allons juste tenter une approche pour tromper l'ennemi puis déguerpir ! >>

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant