4.3 : Alshaku

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Les yeux fatigués du Général Arkoudas, appuyé sur la balustrade d'une terrasse accessible à partir de la cantine du quartier militaire ardennais, étaient rivés sur les collines et les feuillus

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Les yeux fatigués du Général Arkoudas, appuyé sur la balustrade d'une terrasse accessible à partir de la cantine du quartier militaire ardennais, étaient rivés sur les collines et les feuillus. Un verre de vin liquoreux était posé à côté de lui, sur la tablette de la structure. La porte vitrée à quelques mètres de lui coulissa, permettant à une dame d'aller à sa rencontre ; il s'agissait de la secrétaire avec laquelle Larsson s'était précédemment entretenu à distance dans le cadre de sa mission. Le son produit par les couverts des soldats occupés à prendre leur petit-déjeuner, dans la salle de restauration à laquelle il tournait le dos, devint plus perceptible.

<< Général ... Excusez-moi de vous déranger. >>

Il s'empressa de placer sa boisson devant lui afin de la dissimuler et se retourna, manifestement gêné. Toutefois, à voir la tête qu'elle lui tirait, il devait se deviner pris en flagrant délit.

<< ... Oui, Sania ?

— ... Heu ... Nous avons retrouvé la trace du chat ...

— Où ?

— Il est dans le porte-conteneur. >>

Les yeux du militaire s'écarquillèrent.

<< Quel porte-conteneur ?

— Celui auquel vous pensez ... Le cargo ... Heu ... Alshaku.

— Quoi ? >>

Il fronça les sourcils tout en béant.

<< Ce n'est pas possible ... Qu'est-ce qu'il fait là ? se demanda-t-il à lui-même.

— Le Commandant Larsson est parti le chercher. >>


L'individu avec lequel s'entretenait le chef du navire, de l'autre côté de la table ronde sur laquelle ce dernier, assis face à lui, venait de déposer les deux tasses, était confortablement installé sur un ancien et raffiné canapé dont l'armature était en acajou sculpté et doré à la feuille d'or ; la soierie était verte, brodée et richement fleurie. Sur l'un des quatre murs en papier peint aux motifs géométriques losanges figurait le tableau intitulé La Trahison des images de René Magritte.

Le félin noir parvint à distinguer le visage mince et imberbe de l'homme en question qui, à l'instar de celui du Capitaine, était expressif ; il portait une paire de lunettes aux verres fumés et était vêtu d'un costume bordeaux aux traits de carreaux, la veste croisée recouvrant une chemise jaune foncé ; il avait les cheveux noirs, semi-longs et plaqués en arrière.

<< Notre première escale se fera à Felixstowe, comme convenu. Ensuite nous prendrons le large pour Marseille avant de lever l'ancre pour Alger. >> assura le chef du navire.

La main légèrement trémulante, l'individu en costume porta sa tasse de thé à ses lèvres et commença à buvoter.

<< Hum ... J'ai juste un peu peur que les autorités du Maghreb-Uni commencent à nous mettre des bâtons dans les roues ... Surtout après le drame qui s'est produit sur ce navire il y a quelques mois. ajouta le Capitaine.

— Je vous fais confiance. Votre responsabilité envers l'histoire de la Suggestion est énorme. Ce type de mission joue un rôle non-négligeable dans la croissance économique de l'État Suggéré. Tout ce que je vous demande, c'est de continuer à œuvrer dans la discrétion et rester plus que jamais vigilant. Aucune fuite ne doit sortir.

— Oui ... Depuis le malheureux incident, je dispose de mon propre service de sécurité pour veiller sur le navire ; je ne fais plus l'erreur de recourir à l'armée. Je ne souhaite pas faire face une seconde fois à des situations aussi ingérables.

— Il y a finalement eu plus de peur que de mal, cette fois-là ... Je ne peux pas vous en dire plus. >>

Le matelot dénommé Martin fit brusquement irruption dans la pièce, interrompant la conversation.

<< Capitaine ! Excusez-moi de vous déranger ! Un hélicoptère de l'armée vient d'atterrir sur le pont.

— ... Quoi ? >>

Le félin noir frémit, comprenant sans doute qu'il était peut-être question de ses poursuivants. Le chef du navire et le curieux homme d'affaires se levèrent.

<< Vous parliez du loup ... Allons voir ce qu'ils vous veulent. s'amusa ce dernier.

— Je ne les ai pourtant pas invités. >>

Ils abandonnèrent la confortable petite salle attenante à la cuisine de restauration collective. Le chat s'en alla retrouver son compagnon d'aventure, toujours dissimulé à genoux derrière le plan de travail.

<< Vite, Zoran ! Nous devons partir ! L'armée est arrivée ! >>

Le garçon se plaça alors en position accroupie.

<< Quoi ? Tu es sûr ?

— Oui ! Allons-nous-en ! Il nous faut trouver un canot de sauvetage ! >>

KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant