KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]

5.10 : L'idée

<< Quel est ton plan ? demanda Zoran à son compagnon au pelage noir, à l'étage du restaurant.

— Ils ont parlé d'une moto ... Je sais qu'elle est ici, j'ai vu des traces de pneus à l'entrée.

— ... Et alors ?

— Je peux la conduire et aller sauver ce pauvre homme ...

— ... Quoi ? >>

Le matou sauta de la tablette de fenêtre et effectua quelques pas sur le plancher, songeur.

<< Si je n'interviens pas, il mourra.

— Comment veux-tu intervenir ? Je ne veux pas paraître cruel mais ce n'est plus notre problème. C'est comme ça, ici ! Nous devons penser avant tout à sauver notre peau et à fuir cette prison à ciel ouvert au plus vite ! C'est tout !

— Reste ici si tu veux mais sache que pour sortir vivants de cette île nous allons avoir besoin de Friedrich dans tous les cas !

- ... Ah oui ? Comment ça ? Que comptes-tu faire ?

— ... Ils ont dit qu'ils allaient à l'aérodrome ... Ça doit être là qu'ils ont pris leurs quartiers. Je vais me rendre jusque là ... et je vais les combattre. >>

Le garçon au pantalon de visibilité orange se tint coi un instant.

<< ... Tu veux te battre ? finit-il par interroger.

— Oui ... Exactement ! J'ai vu de quoi j'étais capable ce matin sur le cargo, quand je me suis frotté aux agents de sécurité ! Je suis sûr que je peux faire quelque chose ! Il faut essayer !

— ... Mais ... ce n'est pas pareil ! Ces hommes là sont encore plus nombreux et complètement malades !

— Je sais ... mais je pressens que je peux les mettre hors d'état de nuire ! J'ignore comment l'expliquer ...

— ... Et si tu ne reviens pas ? >>

L'animal s'accorda trois secondes de réflexion avant de rassurer le jeune homme : << ... Je ferai tout pour rester en vie, je ne compte pas te laisser tomber. En attendant, je ne vois pas d'autre solution. >>

<< Bon ... J'espère que Sania n'a pas oublié d'étendre l'avis de recherche en zone anglaise, française, néerlandaise et allemande ... parce qu'ils peuvent être n'importe où.

— Ne t'inquiète pas, Ingmar ... Tu as bien travaillé. Tu peux te reposer.

— Très bien, Général. J'attends vos prochaines instructions. >>

Le Commandant Larsson raccrocha la communication qu'il effectuait au travers de l'objet circulaire qu'il portait au poignet. Il se trouvait de nouveau dans la cité ardente de la Wallonie, face à l'immeuble où s'étaient précédemment réfugiés l'ex-forçat et la petite bête au pelage noir avant leur fuite dans une vielle berline qui avait terminé sa course dans la Meuse. Il se déplaça tranquillement jusqu'à l'une des maisons mitoyennes, quelques mètres plus loin, avant de presser la sonnette adjacente à l'huis. Il monta sur le seuil, colla son oreille sur la structure de bois et patienta quelques secondes jusqu'à ce qu'il entende du bruit en provenance de l'intérieur, immédiatement suivi par une jolie voix féminine : << Oui ? Qui est là ? >>

Il sourit. Il s'agissait de la maison de la jeune femme aux longs cheveux roux qu'il avait, durant un moment, calmement scruté d'un air rassis juste avant la première course-poursuite de la matinée.

<< ... C'est moi. Je suis rentré. >> dit-il.