KATZEN - Tome 1 : Mémoire morte [Wattys2021]

15.5 : Le déserteur

La grisaille du ciel polonais se dissipait, emportant la pluie avec elle. Zoran, le félin noir et Jurek Górski avaient réembarqué dans le coupé cabriolet, dévalant à nouveau les pistes nationales tracées dans de vastes étendues boisées. L'automobile, progressant en mode automatique, ralentissait parfois afin de contourner les nombreux nids de poule du bitume encore relativement humide avant de reprendre instantanément sa vitesse de croisière. L'ex-forçat avait revêtu de nouveaux habits, un pantalon brun dans lequel rentrait une chemise en coton ; il présentait à présent un visage impeccablement rasé et était correctement coiffé, il avait gardé ses bottes hypo-gravitationnelles.

<< Nous nous séparerons à la frontière lituanienne ... Tu repartiras avec le Colonel et tu te construiras une nouvelle vie en Pologne. exposa le chat à l'attention du jeune homme assis à côté de lui, sur la banquette arrière.

— Ce fut une belle aventure, finalement ... Je peux te remercier ... Au moins, j'ai survécu. >>

Sur ces mots, la petite bête roula les yeux avant de le dévisager un moment.

<< ... J'ai une question, Zoran ...

— Oui ?

— Que faisais-tu en Croatie, durant la guerre des Balkans ?

— ... J'ai été forcé à prendre les armes à l'âge de treize ans et j'ai été envoyé sous le feu alors que je n'avais que treize ans. Mais j'ai déserté avec quelques amis, durant une bataille. On nous a retrouvés ...

— ...

— La sanction n'est pas venue : les forces armées de la Suggestion ont assiégé le village où nous étions positionnés. Ils m'ont capturé, moi et d'autres garçons de mon âge ... mais je reconnais qu'ils nous ont bien traités.

— La Suggestion traite bien ses esclaves. Cela vous rend plus performants ... >> jugea le matou.

Ils empruntèrent une nouvelle voie et virent apparaître, peu de temps après, un panneau de signalisation bleu indiquant la direction de la Confédération baltique avec les drapeaux des trois pays la composant.

Le Docteur Knut Moen traversa de nouveau le long couloir menant à son bureau. Il posa la main sur l'écran tactile qui fit office d'identification biométrique afin d'enclencher l'ouverture de la porte sur laquelle étaient apposés son nom et ses heures de permanence. Il pénétra dans la pièce, provoquant le déclenchement automatiquement de l'éclairage. Ses pupilles se braquèrent immédiatement sur sa table de travail.

<< Purée ... Non ! Non ... >>

Manifestement perplexe, il jeta un œil à sa gauche puis à sa droite. Il inspecta brièvement du regard sa bibliothèque, examina ses sièges et ouvrit précipitamment quelques tiroirs.

<< Non ... >>

Il se passa les mains dans ses cheveux vénitiens, clairement angoissé.

<< Où est passé le classeur ? >>